Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/341

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« Nous aussi nous sommes exilés comme Ruedigêr, la bonne épée. Pourquoi nous réduire à supplier ? Laissez-nous l’emporter, afin que nous puissions encore, après sa mort, honorer le héros, comme nous aurions tant voulu le faire durant sa vie.

Le roi Gunther : — « Nul hommage n’est si précieux, que celui que rend un ami à son ami mort. Agir ainsi, voilà ce que j’appelle de la fidélité et de la constance. C’est avec raison que vous lui êtes reconnaissants ; il vous a montré beaucoup d’affection. »

— « Combien de temps prierons-nous encore, s’écria le brave Wolfhart ? Puisque par vous, nous avons perdu notre plus chère consolation, et que désormais nous ne jouirons plus de sa présence, laissez-nous le porter là ou nous enterrons les guerriers. »

Volkêr répondit à ces paroles — « Personne ne vous donnera ce corps, mais venez le prendre dans la salle où le guerrier est gisant, tombé dans le sang avec de profondes blessures. Ainsi sera complet l’hommage que vous rendrez à Ruedigêr. »

Le vaillant Wolfhart parla : — « Dieu sait, seigneur ménestrel, qu’il ne faut point nous provoquer. Vous nous avez fait assez de mal. Si je l’osais en présence de mes maîtres, il vous en arriverait malheur ; mais il nous faut demeurer en paix, car il nous est interdit de combattre. »

Le joueur de viole répondit : — « Celui-là est trop prudent qui renonce à faire sa volonté, parce qu’on le lui a défendu ; je ne puis dire que ce soient là les sentiments d’un vrai héros. » Ce discours de son compagnon d’armes plut à Hagene.

— « Cela ne vous réussira pas, dit Wolfhart : je désac-