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JEAN COSTE

— Tenez, monsieur Coste — dit-il, après avoir fourré la tabatière dans la poche de son gilet, — tenez, un pli de l’inspection académique pour vous.

L’adjoint s’en saisit et arracha les bandes, un peu fiévreusement.

— Ça y est, — fit-il. — On m’envoie à Maleval... Ma foi, tant mieux.

— Oh ! — s’empressa d’ajouter M. Largue, — vous serez très bien pour votre début... Maleval n’est pas très loin d’ici et, en outre, il est à deux pas du chef-lieu du département... à peine trois ou quatre lieues... surtout qu’on va construire un chemin de fer d’intérêt local qui y passera et vous transportera à Montclapiers en une demi-heure.

— Quelle population ? — interrogea le deuxième adjoint.

— Trois cents habitants environ, — répondit le directeur, — peut-être plus, peut-être moins... Je connais mal ce poste et ne suis guère renseigné sur les avantages qu’on y a... Mais sûrement M. Coste aura le secrétariat de la mairie.

— Ma foi, — s’écria Coste, — là ou ailleurs, ça me laisse froid ; il faut bien débuter !

— Alors, on peut vous féliciter ? — dirent ses collègues.

— Si vous voulez.

— Ne désirez-vous pas prévenir sur-le-champ Mme Coste ? — susurra le directeur d’un air bonhomme et complaisant qui jurait avec le regard faux de son œil pétillant de joie satisfaite.

Il avait craint d’abord que l’adjoint ne se montrât mécontent de son déplacement et la tranquillité de Coste le rendait plein d’égards, contrairement à son habitude. M. Largue était enchanté de se débarrasser de lui, sans récriminations et sans fâcheries.

— Ces messieurs et moi, — reprit-il, — nous surveillerons vos élèves en votre absence...