Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/143

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petit cimetière visible par la fenêtre ouverte, un vif élan de tendresse et de reconnaissance qui lui remplit le cœur et appela à ses lèvres comme une prière. En même temps une mélancolie douce, un regret rapide lui humecta les yeux, dans un attendrissement de tout son être.

— A quoi rêves-tu donc ? — demanda Louise.

Jean n’eut pas le temps de répondre.

Rose et Paul, qui depuis un moment discutaient sur le palier, venaient d’entrer. La fillette, que son frère se plaisait à mystifier, s’approcha de Jean et, dans son langage zézayant, elle demanda, levant ses beaux yeux de candeur vers son père :

— Paulou qui me dit que si ze mangeais de l’herbette, alors z’aurais du bon téton comme la cèvre ? Est-ce vrai, dis, pérotte ?

Coste et sa femme sourirent de la naïveté adorable de la mignonne.

Décidément, avec un inspecteur satisfait, quelques sous dans l’armoire, plus de dettes, un intérieur où babillent de beaux enfants, avec la tranquillité du corps et de l’esprit, la vie devenait belle et bonne.


XXI

Par une blanche après-midi de l’avril finissant, Coste, qui, du seuil de la porte, surveillait la sortie de ses élèves, fut surpris de voir le maire apparaître au tournant de la ruelle puis gravir lentement le perron de la mairie-école. A quelle cause attribuer cette survenue insolite ? Depuis la belle saison, M. Rastel vivait toute la journée dans son maset et ne « des-