Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/134

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tait mille compliments. Tout à coup, prenant une résolution soudaine, elle lui dit :

« Monsieur, avez-vous la bague ?

– Ah ! Mademoiselle, s’écria le marquis en prenant une pose tragique, je l’ai perdue ! Elle m’a été volée avec l’écrin qui contenait les diamants de ma mère. Mais la police est à la recherche du voleur ; la bague se retrouvera.

– C’est possible, dit Sabine ; mais en attendant, Monsieur, ne pourriez-vous me la décrire ? Vous devez savoir que je possède la pareille.

– Ah ! Mademoiselle, pardon ; j’ai peu de mémoire. C’était une bague très belle, une bague... en or.

– Fort bien. Mais après ? Décrivez-moi le chaton.

– Le chaton ? Il était orné d’un diamant, non, d’un rubis. Ma foi, je ne m’en souviens plus ; mais, si j’entrevoyais votre bague, Mademoiselle, je verrais bien si la mienne lui ressemblait.

– Je n’en doute pas, Monsieur », dit Sabine en souriant.

Et, ôtant son gant, elle montra au marquis un petit jonc orné d’une émeraude qui lui venait de sa mère.

« C’est cela même, s’écria le marquis. Ah ! Mademoiselle, permettez-moi de vous offrir bientôt une bague de fiançailles, et je serai le plus heureux des hommes.

– Pour le moment je crois que vous êtes mat, monsieur le marquis, » dit Sabine en avançant sa reine.

Elle se leva et alla s’asseoir près de sa tante. Minuit sonnait. La compagnie se sépara, et les frères Gottlieb reconduisirent chez elles Mmes de Haütern au clair de lune, suivant les chaises d’un pas égal à celui des porteurs, et s’empressant pour offrir la main à leurs futures épouses.