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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

mais que vous, monsieur, que zé né vous connais pas. »

Il fallut qu’il rentrât revêtir son uniforme.


Cherubini n’allait jamais aux premières en vertu de ce principe : « Qué si l’ouvraze il est bon, on le rezouera ; qué s’il est mauvais, qué zé né pas besoin de l’entendre. »

Il faisait pourtant exception, en général, pour les œuvres de ses élèves. C’est ainsi qu’il se trouvait un soir à l’Opéra, où l’on jouait pour la première fois un ouvrage d’un de ses disciples préférés, dont le nom n’ajouterait rien à l’intérêt de ce récit. Après le deuxième acte, l’auteur monte dans la loge de son Maître, qui était assis sur le devant et ne bouge pas. Inquiet de ce silence, et au bout d’un certain temps, il hasarde timidement :

— « Eh bien ! cher Maître, vous ne me dites rien ?

Qué voilà bien deux heures qué zé t’écoute, moi, et qué tu né mé dis rien ! »


Voulez-vous encore une petite histoire de Cherubini ? Je crois que ce sera la dernière, car je ne veux pas vous raconter celles qui sont par trop connues.


Après être resté assez longtemps sans rien produire au théâtre, il donna à l’Opéra, en 1833, un dernier ouvrage, Ali-Baba. À la répétition générale, un des interprètes se trouve subitement indisposé, et dans l’impossibilité de chanter. Grand émoi sur la scène et dans la salle ; on allait se voir forcé d’ajourner la répétition, lorsqu’un camarade obligeant, qui avait aussi un petit rôle dans la pièce, s’offre spontanément pour remplacer le malade et sauver la situation, en s’excusant de ne savoir le rôle que très imparfaitement, puisqu’il n’avait pas eu à l’apprendre et ne le connaissait que pour l’avoir entendu aux répétitions.