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Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/32

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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

jeunes gens auxquels il n’était alloué que deux ans à passer à l’école. Un jour qu’il se laissait entraîner, peut-être un peu plus que de raison, par sa générosité naturelle :

— « Croyez-moi, général, lui dit Auber, je connais le Conservatoire mieux que vous ; si vous donniez plus de récompenses qu’il n’y a de concurrents, cela ferait mauvais effet ! »


Autre boutade d’Auber, que je crois inédite.

À je ne sais quel concours de je ne sais quelle année, il se trouvait qu’un seul des concurrents, qui par hasard était un nègre, pouvait avoir mérité une certaine nomination.

On vote donc par boules, comme toujours en pareille occurrence. La question posée est celle-ci : « Y a-t-il lieu à décerner tel prix ? »

Scrutin… en silence.

Le scrutin amène neuf boules noires :

— « Dans son pays, dit placidement Auber, il aurait eu l’unanimité ! »


À rapprocher d’une exclamation bien amusante d’un de mes plus éminents collègues, à un concours auquel j’assistais, il y a quelques années, et qu’il poussa bien à propos, d’une voix claire bien qu’un peu angoissée, juste au moment, pendant la fraction même de seconde où les boules étaient déversées de l’urne dans la coupe hexagone :

Je veux qu’elle soit blanche ! clama-t-il !!!

Et il n’était que temps !… il y avait cinq noires et quatre blanches.

Les boules vénérables qui servent pour les scrutins datent de la fondation de l’établissement (1795), et n’ont jamais été remplacées ni nettoyées. Par le frottement, les noires ont perdu pas mal de leur couleur tandis que les blanches se sont