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Otton apercevait la bannière rouge, et Philippe l’aigle d’or. Aucun obstacle entre les deux armées ; on allait se heurter poitrine contre poitrine, sous le grand soleil. Philippe avait le champ de bataille qu’il avait choisi ; c’était, comme dit le chapelain, un bel endroit pour se tuer : dignus cæde locus.

Ce ne fut pas le roi qui commanda la journée ; ce fut, comme nous dirions aujourd’hui, son chef d’état-major général, Guérin de Montaigu, un religieux, frère profès de l’Ordre du Temple, évêque de Senlis, une des meilleures têtes de France et le principal conseiller du roi. Guérin ne tira point l’épée, puisque l’Église défend de verser le sang ; mais il plaça les troupes, exhorta les chefs et les soldats,