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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

deux, mais jusqu’à douze et seize fois de suite. C’est dans la disparition de ces intervalles, dits de quintes ou de quartes, si connus des harmonistes, que consiste une des péripéties principales de l’histoire de la musique.

L’organum ou diaphonie était peu ou point rythmé ; on le rencontre à deux, trois, quatre ou cinq voix, ce qui constitue déjà un art assez avancé ; s’il n’avait que deux parties, il s’appelait organum duplum ou simplement organum ; à trois il était dit triplum, à quatre quadruplum, à cinq quintuplum ; mais ce dernier se rencontre fort rarement. Ce fut à l’église d’abord que l’organum fut employé et au plain-chant grégorien qu’il fut appliqué ; peu à peu il se transforma, au contact de la musique profane, pour faire place à un autre genre de musique à plusieurs voix, appelé déchant ou discantus ; mais, outre que le déchant tend à perdre de plus en plus son caractère primitif en se dégageant chaque année davantage des formes barbares dont nous avons parlé plus haut, il diffère surtout de l’organum en ce qu’il est rythmé ou mesuré, tandis que l’organum ne l’est pas, ou presque pas.

À partir du ixe siècle, les progrès de l’art musical deviennent très sensibles, et il faut les attribuer, en partie du moins, à l’empereur Charlemagne, qui veillait avec grand soin sur sa musique et sur ses musiciens. Ce prince institua des écoles dans lesquelles la musique tenait une place importante, et constitua l’enseignement musical. À ses yeux, il n’y avait de vraiment instruits que ceux qui savaient chanter ; non seulement il exigeait que les prêtres fussent musiciens, mais il