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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/93

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

gréco-latine ne disparut jamais complètement, et de plus elle resta toujours un art raffiné pour les hautes classes de la société ; c’est ainsi que vers l’an 500, Clovis fit demander à Théodoric un citharède grec ; quelques chansons latines sont parvenues jusqu’à nous.

Il en est d’un tour délicat et charmant, qui prouve jusqu’à quel point le culte des lettres latines était encore vivace en Gaule ; témoin cette adorable berceuse dont nous donnons quelques vers et qui paraît être un chant dédié à la Vierge :

Dormi fili, dormi ! mater
Cantat unigenito :
Dormi puer, dormi ! pater
Nato clamat parvulo.
Millies tibi laudes canimus
Mille, mille, millies.

Dormi, nate ! mi mellite !
Dormi, plene saccharo !
Dormi, vita meæ vitæ
Casto natus utero !
Millies tibi laudes canimus
Mille, mille, millies, etc.

Toutes les chansons, et surtout les chansons gauloises et franques, n’étaient pas aussi littéraires ; loin de là ; mais quelques-unes, guerrières et héroïques, ne manquent ni de fierté ni d’allure. Charlemagne, tout en considérant le plain-chant comme la seule musique digne des oreilles d’un homme libre, ne méprisait pas entre temps quelque refrain joyeux ; c’est ainsi qu’un jongleur lombard chanta devant lui, et avec succès, une