ou de Proudhon. Il y a aussi quelques phrases de Fourier que je vous signale et quelques autres de Marx que je pourrais vous donner ; ça nous changera un peu de « l’enfer excrémentiel » de Swedenborg qui ne peut pas toujours servir et des aphorismes du baron de Billing qui manquent un peu de notoriété.
Cependant je vous avertis que cela ne saura pas m’émouvoir. Écoutez-moi, Drumont, vous ne connaissez pas les Juifs, ou du moins vous ne les connaissez pas tous. Il y en a un grand nombre qui ont gardé des persécutions anciennes une déplorable habitude : celle de recevoir des coups et de ne pas protester, de plier l’échine, d’attendre que l’orage passe et de faire les morts pour ne pas attirer la foudre. J’en sais qui ont des conceptions différentes. Je suis de ceux-là et je ne suis pas le seul. J’en sais bien d’autres, et dans ce journal même, qui sont partisans de moins de mansuétude. Ceux-là en ont assez de l’antisémitisme, ils sont fatigués des injures, des calomnies et des mensonges, des dissertations sur Cornéliuz Herz et des prosopopées sur le baron de Reinach. Et demain ils seront légion, et s’ils m’en croyaient, ils se ligueraient ouvertement, bravement contre vous, Drumont, contre les vôtres, contre vos doctrines ; non contents de se défendre, ils vous attaqueraient, et vous n’êtes pas invulnérable, ni vous, ni vos amis.
Vous allez rire et me répondre que nous ne sommes pas près de voir se fonder une association de Juifs contre l’antisémitisme. C’est possible, mais en attendant vous ne douterez pas si je vous dis que, à deux ou trois seulement, il serait possible de vous empêcher de vous dérober.
Il y a des Juifs, mon bon Drumont, qui gagnent quarante sous par jour et les Rothschild ne les invitent pas au mariage de leurs filles, ils préfèrent y convier les papas des bons jeunes gens des cercles catholiques et de l’Union nationale que vous haranguez du haut de votre balcon.
Je vous le demande, croyez-vous que les travail-