ma part — que Drumont comprît combien il fait hausser les épaules à tous lorsqu’il écrit des fadaises semblables. Il ne peut prouver ainsi que son ignorance absolue de toutes choses. Il n’est pas obligé d’avoir lu les socialistes français, ni même Marx ; il n’est pas tenu par conséquent de savoir quels liens unissent leurs doctrines, il peut même ignorer que les marxistes ne sont qu’une fraction dans le parti révolutionnaire, mais alors qu’il ne parle pas de ce qu’il ne sait pas.
C’est vraiment un homme étrange. Il se refuse énergiquement à discuter sur ce qu’il devrait connaître, et il se perd en divagations sur des choses qu’il ignore. Continuons toutefois à lire son article. Il critique vivement, et non sans justesse, le rôle parlementaire des socialistes et leur attitude sous le dernier ministère. Il affirme qu’il n’y aura de changement que par une révolution sociale (et ce n’est pas moi qui le contredirai sur ce point). Mais que sera cette révolution ? Voilà ! pour le comprendre il faut, paraît-il, se rendre compte du mouvement antisémite. Il y a, dit Drumont, dans tous les coins de la France, des millions d’êtres qui se disent :
« Les antisémites ont raison. Si nous souffrons de toutes les manières, si nous ne vendons pas notre blé ce qu’il nous coûte ; si cette terre, si riche, ne peut plus arriver à nourrir ses enfants, c’est parce qu’une poignée d’écumeurs d’outre-Rhin et de financiers véreux s’est ruée sur notre pays, c’est parce que ces gens-là veulent avoir des centaines de millions à eux seuls, habiter les plus beaux châteaux de la vieille France, posséder des hôtels princiers, des chasses magnifiques. »
Évidemment, mon bon Drumont, je suis de votre avis. Il y a en France des milliers de gogos, de sots ou de gens malins qui se disent tout cela. Il y en a aussi qui ajoutent avec vous :
« Le jour où cette idée aura pris possession de tous les cerveaux, le jour où elle s’incarnera dans un homme d’action, dans un soldat intelligent, on n’aura