ajoute M. Héricart de Thury, fit exécuter au commencement de 1786 les travaux nécessaires, pour
disposer d’une manière convenable le lieu destiné à
recueillir les ossements exhumés du cimetière des
Innocents, et successivement ceux qui seraient retirés
de tous les autres cimetières, charniers et chapelles
sépulcrales de la ville de Paris. L’état de ces carrières
abandonnées depuis plusieurs siècles, la faiblesse
des piliers, leur écrasement, l’affaiblissement du ciel
dans un grand nombre d’endroits, les excavations
jusqu’alors inconnues des carrières inférieures, les
dangers qu’elles présentaient, les piliers des ateliers
supérieurs portant à faux, le plus souvent sur les
vides des ateliers de dessous, les infiltrations et les
pertes du grand aqueduc d’Arcueil, etc., furent autant
de motifs qui déterminèrent l’inspection à apporter
la plus grande activité dans ses travaux. Après avoir
fait l’acquisition de la maison connue sous le nom de
Tombe-Isoire ou Isoard, située dans la plaine de
Mont-Souris, sur l’ancienne route d’Orléans, dite la
Voie-Creuse, on fit un escalier de soixante-dix-sept
marches, pour descendre dans les excavations à dix-sept
mètres environ de profondeur et un puits muraillé
pour la jetée des ossements. Durant ces premières
dispositions, divers ateliers d’ouvriers étaient
occupés, les uns à faire des piliers de maçonnerie,
pour assurer la conservation du ciel des carrières dont
on redoutait l’affaiblissement ; d’autres à faire communiquer
ensemble les excavations supérieures et
inférieures pour en former deux étages de catacombes ;
d’autres enfin à construire les murs d’enceinte,
destinés à cerner toute l’étendue que devait comprendre
le nouvel ossuaire. » Ce grand travail fut achevé
dans les derniers jours de mars 1786. Durant la révolution,
les catacombes servirent aussi de sépulture
à un grand nombre de victimes. En 1792, on supprima
plusieurs églises et cimetières ; les ossements qu’ils
contenaient furent portés au grand ossuaire des catacombes.
En 1804, de nouvelles suppressions d’églises,
en 1808, 1809 et 1811 des constructions faites dans la
rue Saint-Denis, sur la place des Innocents, et sur l’ancien
cimetière de l’île Saint-Louis, exigèrent de nouveaux
transports. On doit à M. Frochot, préfet de la
Seine, le bienfait d’avoir rendu intéressantes de vastes
et sombres cavernes tapissées de têtes et d’ossements
humains. — Trente à quarante générations sont venues
s’y engloutir, et l’on a estimé que cette population souterraine
est huit fois plus nombreuse que celle qui respire
à la surface du sol de Paris. On descend dans les catacombes
par trois escaliers différents : le premier est
situé, comme nous l’avons dit, dans la cour du pavillon
occidental de la barrière d’Enfer ; le second, à la tombe
Isoard ; le troisième, dans la plaine de Mont-Souris. Il
y a trois portes : l’une appelée la porte de l’Ouest ;
l’autre à l’est, nommée porte de Port-Mahon la troisième
au sud, sous la Tombe-Isoire. — On trouve aux
catacombes deux collections fort intéressantes : 1o une
collection minéralogique qui offre une série complète
de tous les échantillons des bancs de terre et de pierre
qui constituent le sol des catacombes ; 2o une collection
pathologique, où sont classées avec méthode toutes les
espèces d’ossements déformés par quelques maladies.
En parcourant ces souterrains funèbres, on reçoit à
chaque instant des leçons salutaires. Quelle reconnaissance
ne devons-nous pas aussi à ces hommes bienfaisants,
à ces administrateurs dont les travaux ont eu
pour résultat d’assurer la sécurité des habitants de la
rive gauche, menacés à chaque instant d’être engloutis
dans les entrailles de la terre : Écoutons encore M. Héricart
de Thury. — « Dans nos recherches et nos travaux,
dit-il, nous nous sommes particulièrement
attachés à établir le rapport le plus rigoureux, ou, si
l’on me permet l’emploi de ce mot, la corrélation la plus
intime et la plus réciproque des détails de la surface
et de l’état des vides. C’est en suivant ce plan d’une
manière uniforme, que nous avons tracé, ouvert et
conservé au-dessous et à l’aplomb de chaque rue, une
ou deux galeries, suivant la largeur de la voie, de
manière à diviser respectivement les quartiers, à isoler
les massifs, à préparer la reconnaissance des propriétés,
à déterminer leur étendue, à fixer leurs
limites au-dessous de celles de la surface ; à tracer à
plus de quatre-vingts pieds de profondeur, le milieu
des murs mitoyens, sous le milieu même de leur
épaisseur, à rapporter le numéro de chaque maison
exactement au-dessous de celui de la propriété ; enfin,
je le répète, à établir un tel rapport entre le dessous
et le dessus, qu’on peut en voir et en vérifier la
rigoureuse correspondance sur les plans de l’inspection.
»
Catherine (marché Sainte-).
Ce marché a été ouvert sur une partie de l’emplacement de l’ancien couvent de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers.
L’ordre du Val-des-Écoliers fut fondé vers l’an 1201, par quatre célèbres professeurs de Paris, dans une vallée du diocèse de Langres. Ils y bâtirent quelques maisons, élevèrent un oratoire, et choisirent sainte Catherine pour patronne. Bientôt cet ordre se répandit dans plusieurs provinces, et l’ancien prieuré fut transféré, en 1224, dans une vallée de l’autre côté de la Marne. Ces religieux, désirant avoir un établissement à Paris, y envoyèrent un de leurs élèves.
Nicolas Gibouin, bourgeois de cette ville, à la prière du chevalier Jean de Milly, ci-devant trésorier du Temple, donna à la congrégation du Val-des-Écoliers, trois arpents de terre qu’il possédait à côté de la porte Baudeer (Baudoyer).
Dans le même temps, les archers de la garde du roi, dits gens d’armes, trouvèrent dans ce nouvel établisse-