Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/244

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Henri II créa une chaire de philosophie qui fut occupée par l’italien François Vicomercat, professeur du célèbre et malheureux Ramus. Henri III, en 1587, en créa une pour la langue arabe, qui fut donnée à Arnaud de Lile ou de Lisse, Allemand, et après lui à Étienne Hubert d’Orléans. Henri IV institua un professeur d’anatomie et de botanique. Louis XIII créa une deuxième chaire pour la langue arabe, et une pour le droit canon ; Louis XIV, une pour la langue syriaque, une deuxième pour le droit canon et une de droit français. Son successeur apporta dans l’enseignement de ce collége d’importantes modifications. Il ordonna par arrêt du conseil en date du 20 juin 1773, que les fonds de la chaire de langue syriaque seraient appliqués à l’établissement d’une chaire de mécanique ; ceux de la chaire de philosophie grecque et latine, aux frais d’une chaire de littérature française ; que la deuxième chaire de langue arabe serait convertie en une chaire de langue turque et persane. L’une des deux chaires de médecine pratique devint une chaire d’histoire naturelle, et l’une des deux chaires de droit canon fut changée en une chaire de droit de la nature et des gens. Il y eut donc dix-huit chaires de fondation royale. On comptait en outre une chaire de mathématiques, fondée en 1568 par Ramus. Elle ne rapportait que 500 livres au titulaire qui sortait victorieux de l’épreuve d’un concours. Une chaire de philosophie et une de médecine étant devenues vacantes, Louis XIV ordonna de les mettre au concours. On commença par celle de philosophie. Treize juges furent choisis parmi des savants et des professeurs ; et sa majesté donna la chaire à celui qui montra aux yeux de tous le plus de capacité pour la remplir. Cette amélioration ne subsista pas longtemps, et le roi nomma à ces chaires, sur la présentation du gentilhomme qui dirigeait ce collége ; il n’y eut plus alors, ajoute un écrivain, de concours que pour la brigue, la protection et la bassesse. Dans l’origine, les professeurs et lecteurs royaux dépendaient de l’Université, ils en furent ensuite séparés. En 1626, le recteur, en vertu d’un arrêt du parlement, enjoignit aux professeurs du collége de France de rentrer dans le sein de l’Université. Le grand aumônier, qui dirigeait alors ce collége, fit casser cet arrêt par le conseil du roi, et l’Université ne renouvela plus ses prétentions. On comptait sous Louis XVI, au collége de France, vingt-un professeurs. Nous avons aujourd’hui vingt-quatre cours, savoir : d’astronomie, de mathématiques, de physique expérimentale, de médecine, d’anatomie, de chimie, d’histoire naturelle, du droit de la nature et des gens, d’histoire et de philosophie morale, de langues hébraïque, chaldaïque et syriaque, de langue arabe, de langue turque, de langue persane, de langue et de littérature chinoises et tartare-mantchou, de langue et de littérature sanscrites, de langue et de littérature grecques, d’éloquence latine, de poésie latine et de littérature française, d’économie politique, d’archéologie, d’histoire des législations comparées et de droit constitutionnel. Les professeurs sont nommés par le roi, sur la présentation du ministre de l’instruction publique. Leur traitement inamovible est fixé à 6,000 fr.

Le grand dessein formé par François Ier pour la reconstruction d’un édifice destiné au collége royal, ne fut exécuté ni par lui ni par ses successeurs. Les professeurs royaux enseignèrent longtemps dans les classes des différents colléges. Vateblé professait au collége du cardinal Lemoine. Henri II ordonna qu’ils feraient successivement leurs leçons dans les colléges de Tréguier et de Cambrai. Mais en 1609, Henri IV, à la sollicitation du cardinal du Perron, du duc de Sully et du président de Thon, résolut de faire démolir le collége de Tréguier qui menaçait ruine et de faire construire sur son emplacement un bâtiment de 59 m. de longueur sur 39 de largeur. La mort de Henri IV retarda l’exécution de ce projet ; mais sa veuve, Marie de Médicis, fit acheter au nom du roi le collége de Tréguier, le 28 juin 1610, et Louis XIII, alors âgé de neuf ans, posa la première pierre du nouveau bâtiment le 28 août de la même année. Une des ailes de l’édifice fut seule bâtie, et les travaux ne furent poursuivis avec célérité qu’en 1774. Le 22 mars de cette année, le duc de Lavrillière posa la première pierre du nouveau bâtiment qui fut construit sur l’emplacement des colléges de Tréguier, de Cambrai, dé Kérambert ou de Léon, d’après les dessins de l’architecte Chalgrin. On avait distrait au commencement de la révolution le petit hôtel de Cambrai, qu’on avait rangé dans la classe des domaines à aliéner. — « Au Pont-de-Brique, le 11 thermidor an XII. Napoléon, etc… Sur le rapport de notre ministre de l’intérieur, décrète : — Article 1er. Le petit hôtel Cambrai qui avait été rangé dans la classe des domaines aliénables, sera mis à la disposition du ministre de l’intérieur, pour être réuni au collége de France dont il faisait anciennement partie, etc… Signé Napoléon. Par l’empereur, le secrétaire d’État, signé H. B. Maret. » Le 30 avril 1831, le ministre du commerce et des travaux publics approuva un plan pour l’agrandissement du collége de France ; une maison située place Cambrai et trois autres dans la rue Saint-Jacques furent acquises en 1834 par l’État, et après leur démolition, M. Letarouilly, architecte, construisit les nouveaux bâtiments qui font aujourd’hui du collége de France un des monuments les plus remarquables de la capitale.

Colléges dont les emplacements ont servi à la formation du collége de France.

Collége de Tréguier. Il fut fondé le 20 avril 1325, par le testament de Guillaume de Coatmohan, grand chancelier de l’église de Tréguier, pour huit écoliers de la famille du fondateur ou du diocèse de Tréguier. À cet établissement fut réuni en 1575 le collége de Kéramber ou de Léon, dont on ignore l’époque précise de la fondation. En 1610, on commença à jeter sur l’empla-