Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/26

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Navarre. Cet établissement fut érigé en commanderie en 1365. On y fit entrer quelques religieux qui exercèrent l’hospitalité envers les pauvres attaqués de la maladie appelée feu sacré ou feu Saint-Antoine. Le roi Charles V fit bâtir l’église qui fut achevée en 1368. En 1615, le titre de la commanderie de Paris fut supprimé, et l’on convertit cette maison en un collége pour l’instruction des jeunes religieux de l’ordre. Dans la suite les biens de la commanderie Saint-Antoine furent réunis à l’ordre de Malte qui accorda des pensions aux religieux Antonins et leur donna le droit de porter la croix de Malte. Cette maison religieuse, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue en deux lots le 7 messidor an VI.


Antoine (place de l’Hôpital-Saint-).

Située dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, entre les nos 206 et 208. — 8e arrondissement, quartier des Quinze-Vingts.

Nous avons parlé à l’article de l’hôpital Saint-Antoine de l’ancienne chapelle Saint-Pierre supprimée vers 1790 ; elle devint propriété nationale et fut vendue le 3 vendémiaire an V. L’acquéreur était obligé par son contrat de livrer sans indemnité un passage de 48 pieds de large sur toute la profondeur de son terrain. Cette clause fut exécutée peu de temps après. La grande place devant l’abbaye sert aujourd’hui de jardin à l’hôpital et est fermée par une grille. Le passage de 48 pieds de largeur prit le nom de place de l’Hôpital-Saint-Antoine.

Une ordonnance royale, en date du 30 avril 1838, a fixé la largeur de cette place à 16 m. 32 c. Le surplus de l’emplacement de la chapelle Saint-Pierre est occupé aujourd’hui par une maison qui porte le no 208 sur la rue du Faubourg-Saint-Antoine.


Antoine (rue du Faubourg-Saint-).

Commence aux rues de la Roquette, no 2, et de Charenton, no 1 ; finit à la place du Trône. Le dernier impair est 337 ; le dernier pair, 286. Sa longueur est de 1 810 m. — 8e arrondissement. Les nos impairs sont du quartier du faubourg Saint-Antoine, les pairs du quartier des Quinze-Vingts.

Cette voie publique doit son nom à l’abbaye Saint-Antoine. En 1633 elle portait encore le nom de Chaussée-Saint-Antoine jusqu’à l’abbaye, et de chemin de Vincennes jusqu’à l’endroit où se trouve aujourd’hui la place du Trône. En 1635 on y avait construit 150 maisons. Elle était presqu’achevée en 1637. Une ordonnance royale du 30 avril 1838 a fixé sa moindre largeur à 17 m. Les constructions ci-après sont alignées : de 1 à 35 inclusivement, de 39 à 65 inclusivement, de 181 à 195 inclusivement, 203, 233, 267, 269, 289, 325, 327 ; de 2 à 80 inclusivement, de 86 à 118 inclusivement, de 136 à 152 inclusivement, 162, 164, 204, 206 ; de 212 à 222 inclusivement, 278, 280 et 282.

Les propriétés de 271 à 289, 82, 84, 166, 168, et de 248 à 276, devront, pour exécuter l’alignement, avancer sur la voie publique.

La partie de la rue du Faubourg-Saint-Antoine comprise entre la rue de Picpus et la place du Trône, a été plantée d’arbres en 1841.

Égout depuis la rue de Charonne jusqu’à celle de Reuilly ; conduite d’eau depuis la rue de la Roquette jusqu’à celle de Picpus ; éclairage au gaz depuis la rue de la Roquette jusqu’à celle de Reuilly (compe Parisienne).

Le 2 juillet 1652, le vicomte de Turenne, commandant les troupes royales, livra dans ce faubourg un combat sanglant qui faillit anéantir l’armée des princes. Condé s’était emparé de Charenton, de Neuilly et de Saint-Cloud. Après la retraite du duc de Lorraine, Condé avait rassemblé toutes ses forces dans ce dernier village développant sa position jusqu’à Surènes. Le vicomte de Turenne, renforcé d’un corps de troupes que lui avait amené le maréchal de la Ferté, occupait Chevrette, à une lieue de Saint-Denis. La rivière séparait les deux armées. Toute l’attention de Turenne se portait à placer son adversaire entre l’armée royale et les murs de Paris. Condé comprit tout le péril de sa position, leva son camp et chercha à gagner Charenton, pour se poster sur le terrain près duquel s’opère la jonction de la Seine à la Marne. Turenne, instruit de la marche du prince, avait détaché quelques escadrons pour le harceler dans sa retraite. L’arrière-garde de l’armée de Condé, plusieurs fois chargée et rompue, se rallia avec peine et gagna le faubourg Saint-Antoine.

Le prince, alors convaincu de l’impossibilité de continuer cette retraite, fait replier son avant-garde et son corps de bataille, s’empare de quelques retranchements que les habitants avaient élevés pour se garantir des insultes des troupes lorraines, place son canon et ses soldats à l’entrée des rues du Faubourg-Saint-Antoine, de Charonne et de Charenton, et attend de pied ferme l’armée royale. Turenne arrive jusqu’à l’abbaye Saint-Antoine, fait pointer son canon contre les barricades ; les boulets sillonnent une partie de la rue, écrasent les soldats de Condé. Le prince, foudroyé de tous côtés, conserve son sang-froid, fait percer plusieurs maisons, met son avant-garde à l’abri, et l’artillerie du vicomte est inutile. Un instant de répit succède au carnage. Turenne donne l’ordre d’avancer et de franchir les anciennes barricades ; alors recommence un combat plus furieux et plus sanglant encore, dans lequel ces deux capitaines épuisent à l’envi toute la science de l’attaque et tout l’art de la défense. Aux soldats de Condé une mauvaise barrière improvisée, des pans de muraille, suffisent pour faire tête aux bataillons ennemis. On perce les maisons on s’y bat à travers les brèches faites aux cloisons. Le prince est partout ; son courage le multiplie ; quand ses soldats accablés cèdent le pas, sa voix, son exemple, les rappellent. Il se met à leur tête et d’assiégés ils deviennent assaillants. Malgré