Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


l’appellent rue Gilles-Queux, Gui-le-Queux. Le nom de queux signifiait en vieux langage cuisinier ; la charge de grand-queux était chez le roi une des premières de la couronne. Les Châtillon se sont fait honneur de la posséder. Un acte de 1397, cité par Sauval, lui donne le nom de Gui-le-Comte. Piganiol prétend que sa dénomination actuelle lui vient d’un descendant du fameux Jacques-Cœur. Cette assertion, qu’il n’appuie sur aucun acte, est réfutée par Jaillot. La dénomination actuelle n’est qu’une altération de Gilles-Queux. — Une décision ministérielle à la date du 23 frimaire an IX, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les propriétés nos 6 et 8 ne sont pas soumises à retranchement. — Portion d’égout du côté du quai.

« Au bout de la rue Gilles-Cœur (dit Saint-Foix), dans l’angle qu’elle forme aujourd’hui avec la rue du Hurepoix (cette dernière n’existe plus), François Ier fit bâtir un petit palais (le palais d’Amour), qui communiquait à un hôtel habité par la duchesse d’Estampes, dans la rue de l’Hirondelle. Les peintures à fresque, les tableaux, les tapisseries, les salamandres (c’était le corps de la devise de François Ier) accompagnés d’emblèmes et de tendres et ingénieuses devises ; tout annonçait dans ce petit palais et cet hôtel le dieu et les plaisirs aux quels ils étaient consacrés. » — « De toutes ces devises (dit Sauval) que j’ai vues, il n’y a pas encore longtemps, je n’ai pu me ressouvenir que de celle-ci ; c’était un cœur enflammé, placé entre un alpha et un oméga, pour dire apparemment : Il brûlera toujours ! » — « Le cabinet de la duchesse d’Estampes (continue Saint-Foix) sert à présent d’écurie à une auberge qui a retenu le nom de la Salamandre. Un chapelier fait sa cuisine dans la chambre du lever de François Ier, et la femme d’un libraire était en couche dans son petit salon des délices, lorsque j’allai pour examiner les restes de ce palais. »


Glacière (rue de la).

Commence à la rue de Lourcine, nos 105 et 107 ; finit aux boulevarts des Gobelins et Saint-Jacques. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 325 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Elle était autrefois comprise dans la rue Payen et en portait le nom. En 1636, c’était la rue de la Barrière. Sa dénomination actuelle lui a été donnée parce qu’elle se dirige vers le village de la Glacière. — Une décision ministérielle du 3 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Les constructions du côté des numéros impairs sont alignées, à l’exception du bâtiment qui porte le no  7. Sur le côté opposé les propriétés nos 6 et 8 sont seules soumises à retranchement. — Conduite d’eau depuis la rue du Petit-Champ jusqu’à la borne-fontaine.


Glatigny (rue).

Commence au quai Napoléon, no  27 ; finit à la rue des Marmousets, nos 26 et 28. Le dernier impair est 11 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 73 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

On donnait le nom de Glatigny à cette rue et aux environs de Saint-Denis-de-la-Chartre jusqu’à l’hôtel des Ursins. On lit dans plusieurs titres qu’il y avait une maison de Glatigny qui, en 1241, appartenait à Robert et à Guillaume de Glatigny. Dès le XIVe siècle, cette rue était habitée par des filles publiques et se nommait le Val d’Amour. En 1380, on l’appelait rue au Chevet de Saint-Denis-de-la-Chartre, quoiqu’elle fût connue aussi sous le nom de Glatigny. — Une décision ministérielle du 26 prairial an XI, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 6 m. Les maisons nos 1 et 3 sont alignées.


Gobelins (boulevart des).

Commence à la place de la barrière d’Italie ; finit à la rue de la Glacière, no  9. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par le mur d’enceinte ; le dernier pair est 16. Sa longueur est de 856 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Il a été formé en vertu d’un arrêt du conseil du 9 août 1760. Sa dénomination lui vient du voisinage de la manufacture royale des Gobelins. Dans la partie comprise entre les rues du Champ-de-l’Alouette et de la Glacière, le plan de Verniquet l’indique sous le nom de boulevart de la Glacière. L’alignement de cette voie publique est déterminé par une ligne parallèle au centre des arbres de la contre-allée et à 4 m. de distance. La propriété no  2 et le mur de clôture situé près de la rue de la Glacière ne sont pas soumis à retranchement. (Voyez Enfer, boulevart d’.)


Gobelins (manufacture royale des).

Située dans la rue Mouffetard, no  270. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

On voyait dès le XIVe siècle, dans le faubourg Saint-Marcel, près de la rivière de Bièvre, une petite colonie composée de drapiers et de teinturiers en laine. Leur industrie ne tarda pas à s’agrandir. En 1450, parmi ces ouvriers, on remarquait Jean Gobelin. Son habileté lui fit acquérir en peu de temps une fortune considérable qu’il employa à faire de grandes acquisitions sur les bords de la Bièvre, dont les eaux étaient très favorables à la teinture. Philibert, son fils, et Denise Lebret, son épouse, continuèrent les travaux de leur père et augmentèrent même la fortune qu’il leur avait laissée. Après leur mort, le partage de leurs richesses, qui consistaient en dix maisons, jardins, prés, terres, etc., fut fait en 1510. Leurs successeurs, travaillant avec le même zèle et la même probité, obtinrent aussi de grands résultats. Le peuple voulut honorer les Gobelin à sa manière. Il donna leur nom au quartier où se trouvait le siège de leur établissement, et même à la rivière de Bièvre qui avait contribué à leur prospérité. Cette famille voulut renoncer plus tard à la teinture pour occuper divers emplois dans la magistrature, dans les finances et dans