Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


création d’un hôpital qui devait avoir une destination à peu près semblable. Le cardinal de La Rochefoucauld résolut de faire exécuter ce legs, en l’augmentant de ses propres deniers. Il acheta de l’Hôtel-Dieu plusieurs terrains d’une grande étendue, et bordant le chemin de Sèvres au-delà des petites-maisons. Marguerite Rouillé, sur les instances de ce prélat, consentit à transférer en cet endroit la pieuse fondation qu’elle avait entreprise à Chaillot. Les constructions furent commencées ; puis, en 1637, des lettres-patentes confirmèrent cet établissement. L’Hospice des incurables ne contenait alors que 36 lits. Ce nombre s’accrut progressivement. Avant la révolution, il était de 400 ; en 1790 on en comptait 441. Les incurables-hommes furent transférés en 1802 au faubourg Saint-Martin, dans l’emplacement occupé autrefois par les religieux récollets. Depuis cette époque, l’établissement qui nous occupe est spécialement destiné aux femmes, dont le nombre s’élève aujourd’hui à 500. En 1842, la mortalité a été de 1 sur 8/70 ; la dépense s’est élevée à 217 580 fr.

Incurables-Hommes (hospice des).

Situé dans la rue du Faubourg-Saint-Martin, no 150. — 5e arrondissement, quartier de la Porte-Saint-Martin.

Cet hospice ayant été établi dans les bâtiments occupés par les Récollets, nous donnons ici l’historique de cette communauté religieuse. — La congrégation des Récollets (Recollecti, recueillis) fut fondée en Espagne dans le courant de l’année 1496, par un cordelier qui désirait faire revivre l’austérité primitive de la règle de Saint-François. En 1600, plusieurs religieux de cet ordre vinrent à Paris chercher un établissement convenable. Le 4 décembre 1603, les époux Cottard leur donnèrent une vaste maison située au faubourg Saint-Martin. Par lettres-patentes du 6 janvier suivant, Henri IV leur accorda l’autorisation nécessaire, et les religieux firent alors construire une petite chapelle ; bientôt Marie de Médicis leur facilita les moyens d’élever une église spacieuse, qui fut dédiée le 30 août 1614, sous le vocable de l’Annonciation de la Sainte-Vierge. Plus tard, les bâtiments du monastère furent reconstruits par la munificence du surintendant Bullion et du chancelier Séguier. L’établissement des Récollets, confirmé par lettres-patentes du mois de mars 1688, fut supprimé en 1790. En 1802, on y transféra les Incurables-Hommes, qui occupaient en commun avec les femmes la maison de la rue de Sèvres. Cet établissement renferme 500 vieillards pauvres et indigents atteints de maladies graves ou incurables. En 1842, la mortalité a été de 1 sur 7/97 ; la dépense, de 195 846 fr. 60 c.

Industrie (passage de l’).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Martin, no 43 ; finit à la rue du Faubourg-Saint-Denis, no 42. — 5e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Denis.

Ce passage a été construit en 1827. — Éclairage au gaz (compe de Belleville).

Industrie-Française (bazar de l’).

Commence à la rue Montmartre, no 180 ; finit au boulevart Poissonnière, no 27. — 3e arrondissement, quartier Montmartre.

Commencé en 1827, ce bazar a été inauguré le 15 avril 1829. On y vend de la quincaillerie et des ustensiles de ménage.

Innocents (marché des).

Limité par les rues de la Lingerie, de la Ferronnerie, Saint-Denis et du Charnier-des-Innocents. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Ce marché a été formé sur l’emplacement de l’église et du cimetière des Saints-Innocents. Plusieurs historiens, parmi lesquels nous citons Dubreuil et Malingre, prétendent que la fondation de cette église est due à Philippe-Auguste, « qui employa pour sa construction une partie de l’argent qu’il tira de la vente des biens confisqués sur les Juifs. Le roi voulait y placer le corps de saint Richard, qui avait souffert le martyre à Pontoise. » Mais plusieurs diplômes des années 1159 et 1178, mentionnant expressément cette église, cette fondation remonterait au règne de Louis-le-Jeune, qui avait, disent les chroniqueurs, une dévotion particulière pour les Saints-Innocents, ou comme il les désignait, pour les saints de Bethléem. Si Philippe-Auguste n’est point le fondateur de cette église, il est certain du moins qu’il la fit rebâtir ou agrandir, et qu’il employa effectivement à cette pieuse destination une partie des biens dont il avait dépouillé les Juifs. Le corps de saint Richard y fut inhumé peu d’années après cette reconstruction. Ces reliques étaient en si grande vénération dans le moyen-âge, que les Anglais, devenus maîtres de Paris, firent exhumer le corps du saint, le transportèrent dans leur île, ne laissant que la tête dans cette église. Les bâtiments furent réparés à diverses époques, comme semblaient l’indiquer les différences très apparentes de ses parties. Ce fut après une de ces réparations, qu’en 1445, Denis Dumoulin, évêque de Paris, en fit la dédicace. L’histoire nous apprend que Louis XI portait un intérêt tout particulier l’église des Innocents. Il fit don à la fabrique de plusieurs droits de voirie, dont le produit servit à l’entretien de six enfants de chœur. Ce qu’on retira de ces droits, ainsi que de la location de plusieurs échoppes dans la rue de la Ferronnerie, se trouva excéder la somme nécessaire à cette fondation ; le surplus fut employé à établir et entretenir une musique qui se fit entendre jusqu’à la démolition de l’église. Louis XI y laissa encore d’autres traces de sa libéralité. Il fit élever à Alix la Burgotte, récluse des Innocents, un tombeau de marbre supporté par quatre lions en cuivre. On lisait l’inscription suivante sur ce mausolée :

En ce lieu gist sœur Alix la Burgotte,
A son vivant récluse très dévotte.
Rendue à Dieu femme de bonne vie
En cet hostel voulut être asservie,