la Chaussée-d’Antin, des terrains suffisants à l’effet
d’y faire construire une église et des bâtiments pour
y loger commodément le même nombre de religieux
qui se trouveraient dans le couvent du faubourg
Saint-Jacques, et procurer aux habitants de ce nouveau
quartier, qui se peuple de plus en plus, les
secours spirituels qu’ils ne peuvent avoir que dans
des églises éloignées ; qu’en exécution des dits arrêts
les sieurs commissaires ont, par contrat passé le 8 juin 1780, acquis du sieur de Sainte-Croix, 2,050 toises
de superficie de terrain pour y placer la dite église,
bâtiments et dépendances, etc. ; que la dite église et
bâtiments sont entièrement construits et achevés, etc.
À ces causes, etc., voulons et nous plaît que les religieux
capucins du faubourg Saint-Jacques se retirent
incessamment dans le couvent qui leur est destiné,
près la Chaussée-d’Antin, etc. » (Extrait des lettres-patentes
de novembre 1782). Le 15 septembre 1783,
les capucins du faubourg Saint-Jacques sortirent de
leur ancien couvent pour venir occuper celui de la
Chaussée-d’Antin. Supprimée vers 1790, cette maison
religieuse devint propriété nationale. Pendant quelques
années, les bâtiments furent affectés à un hospice
où l’on soigna les maladies vénériennes. En vertu de la
loi du 1er mai 1802, on y établit un des quatre lycées de
Paris (voir l’article du Collége royal de Bourbon). La
chapelle des Capucins, construite, ainsi que le couvent,
sur les dessins de l’architecte Brongniart, ne manque
point d’élégance. C’est aujourd’hui la première succursale
de la Madeleine, sous le titre d’église Saint-Louis.
Suivant la coutume de l’ordre séraphique, cet édifice
n’a qu’un bas-côté, et seulement une corniche d’ordre
dorique avec des traits d’appareils sur les arcades. On
y remarque un tableau de Gassier représentant saint
Louis visitant des soldats malades de la peste. Un cippe
en marbre noir, surmonté d’un vase cinéraire, y conserve
le cœur du comte de Choiseul-Gouffier.
Louis-en-l’Île (église Saint-).
À la fin du XVIe siècle, quelques masures côtoyaient seulement les rives de cette île. Un maître couvreur, nommé Nicolas, y construisit, en 1616, une petite chapelle. Vers 1622, la population, attirée par les nouvelles maisons qu’on venait de bâtir, rendit nécessaire l’agrandissement de cette chapelle. Le procès-verbal que fit dresser à ce sujet l’archevêque de Paris, le 3 avril 1623, porte : qu’elle était large de six ou sept toises sur dix ou douze de longueur, vitrée, couverte en ardoises et ornée d’un tableau représentant saint Louis et sainte Cécile. Le 14 juillet de la même année, elle fut érigée en paroisse sous le titre de Notre-Dame-de-l’Île, dénomination qu’elle quitta vingt ans après pour prendre celle de Saint-Louis-en-l’Île. Hébert et plusieurs autres habitants du nouveau quartier qui s’étaient chargés d’en achever la construction, entreprirent de rebâtir cette église. On commença par élever le chœur dont la première pierre fut posée le 1er octobre 1664, par M. de Péréfixe, archevêque de Paris ; de la chapelle on fit la nef ; ces deux constructions étaient disparates. La nef, partie ancienne, tombait en ruines, il fallut la reconstruire. L’architecte Le Veau fournit les dessins ; enfin l’église, achevée par Leduc, fut bénite le 14 juillet 1726. Le clocher, bâti en pierre, a la forme d’un obélisque percé à jour dans plusieurs parties de sa longueur. L’église Saint-Louis n’offre, du reste, rien de remarquable. Supprimée pendant la révolution, elle devint propriété nationale et fut vendue le 13 thermidor an VI. Elle a été rachetée par la ville le 15 septembre 1817, moyennant 120,000 fr. C’est aujourd’hui la première succursale de la paroisse Notre-Dame.
Louis-en-l’Île (rue Saint-).
Cette rue a été commencée en 1614, et terminée en 1646. À cette dernière époque on lui donnait deux dénominations. Dans la partie comprise entre le quai de Béthune et la rue des Deux-Ponts, c’était la rue Palatine ; le surplus s’appelait rue Carelle. En 1654, elle portait le nom de rue Marie. Quelques années après, elle reçut la dénomination de rue Saint-Louis, en raison de l’église ainsi appelée. En 1793, c’était la rue de la Fraternité. — Une décision ministérielle du 24 frimaire an XIII, signée Champagny, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En 1806, elle reçut le nom de rue Blanche-de-Castille, mère de saint Louis. — Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, lui rendit sa dénomination de rue Saint-Louis. Deux décisions ministérielles des 5 février 1817 et 9 mai 1818, réduisirent sa largeur à 8 m. Enfin une ordonnance royale du 9 décembre 1838, a maintenu cette rue dans son état actuel. Sa moindre largeur est de 7 m. 80 c. Les constructions riveraines sont alignées. — Portion d’égout du côté du quai de Bourbon. — Conduite d’eau entre la rue de Bretonvilliers et l’école chrétienne.
Au no 2 est situé l’hôtel Lambert. Cette magnifique habitation, construite par Louis Le Veau pour le président Lambert de Thorigny, appartint ensuite au fermier général Dupin et au marquis du Châtelet-Laumont. La cour est entourée de bâtiments décorés d’ordre dorique. Un perron, placé en face de la porte, conduit à un grand pallier où prennent naissance deux escaliers qui mènent aux appartements. Dans un renfoncement cintré, on voit une grisaille de Lesueur ; elle représente un fleuve et une Naïade. D’admirables tableaux ornaient cette magnifique résidence. On y admirait le chef-d’œuvre du Bassan, l’enlèvement des Sabines ; des paysages d’Herman et de Patel, cinq tableaux de