Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/389

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l’histoire d’Énée, par Romanelli. Ces richesses furent données en partie au roi Louis XVI, pour le musée du Louvre, par la famille de la Haye, propriétaire de l’hôtel.

Les plus belles peintures conservées dans cette habitation se trouvent dans les salles de l’amour et dans le cabinet des bains. Au premier étage on voit la galerie dite de Lebrun. Ce grand artiste a dessiné sur le plafond, avec toute la vigueur de son coloris, neuf travaux d’Hercule. L’hôtel Lambert vient d’être acheté par madame la princesse Txartoryska, qui y fait exécuter en ce moment de grands travaux de restauration.

Louis et Saint-Paul (église Saint-).

Située dans la rue Saint-Antoine, entre les nos 120 et 122. — 9e arrondissement, quartier de l’Arsenal.

Nous parlerons à l’article du collége royal Louis-le-Grand de l’établissement des Jésuites à Paris. Ces pères, après avoir consolidé leur collége de la rue Saint-Jacques, cherchèrent les moyens de fonder également un couvent, une maison professe. Le 12 janvier 1580, le cardinal de Bourbon leur céda un grand hôtel situé dans la rue Saint-Antoine. Ils construisirent sur-le-champ une petite église qui, dès l’année 1582, avait reçu, ainsi que le couvent, le nom de Saint-Louis. Les bienfaits du roi Louis XIII élevèrent cette maison au plus haut degré de prospérité. Il fit construire l’église qui se voit encore aujourd’hui ; la première pierre fut posée en 1627. On grava à cette occasion, sur une médaille de Louis XIII, cette inscription : Vicit ut David, ædificat ut Salomon ! Richelieu fit élever à ses frais le portail, en 1634. L’église ne fut terminée qu’en 1641. Le 9 mai de cette année, le cardinal y célébra la messe en présence du roi, de la reine et de Gaston d’Orléans. Tous trois reçurent la communion des mains du cardinal-ministre. Le père François Derrand fut l’architecte de cette église, dont la façade se compose de trois ordres d’architecture. Les deux premiers sont corinthiens, l’autre supérieur est composite. L’église est en forme de croix romaine avec un dôme sur pendentifs au milieu de la croisée. Auprès du maître-autel était déposé le cœur de Louis XIII, dans un monument commandé par la reine sa veuve, et pour lequel Sarrazin mit en œuvre tout son génie inventif. Les Jésuites ayant été bannis de France, cette maison fut cédée aux chanoines réguliers de la culture Sainte-Catherine. Nous citons un extrait des lettres-patentes relatives à ce déplacement. « Louis, etc. — Article 1er. L’église, terrain, bâtiments, circonstances et dépendances, formant ci-devant la maison professe des Jésuites, situés dans la rue Saint-Antoine de notre bonne ville de Paris, abandonnés aux créanciers de la dite société par arrêt de notre cour de parlement du 12 mars 1764, seront acquis en notre nom pour les chanoines réguliers du prieuré de Sainte-Catherine de Paris, par les commissaires que nous nommerions cet effet, et dans la forme et manière accoutumées pour et moyennant le prix et somme de 400,000 livres, payables dans les temps qui seront par nous réglés, etc. Donné à Marly, le 23 mai 1767, signé Louis. » Les chanoines réguliers de Sainte-Catherine furent supprimés en 1790. Après la démolition de l’ancienne église Saint-Paul qui avait été vendue comme propriété nationale le 6 nivôse an V, le culte fut transféré dans l’église des Jésuites, qui reçut alors le titre d’église Saint-Louis et Saint-Paul. C’est aujourd’hui la troisième succursale de Notre-Dame. Dans une partie des bâtiments du couvent fut établi le collége royal Charlemagne. (Voir cet article.)

Louis-le-Grand (collége royal).

Situé dans la rue Saint-Jacques, no  123. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

La société de Jésus fut approuvée en 1540 et 1549 par deux bulles de Paul III. Le fondateur, Ignace de Loyola, envoya sur-le-champ quelques uns de ses disciples à Paris. Plusieurs historiens ont prétendu qu’aussitôt après la publication de la première bulle, ces religieux se logèrent au collége des Trésoriers, puis vers 1542 au collége des Lombards, et en 1550 dans l’hôtel de Clermont qui appartenait au cardinal Duprat. Son éminence qui témoignait à ces pères le plus vif intérêt, leur concilia la protection du cardinal de Lorraine. Ils obtinrent en 1551, par les soins du chef de cette puissante maison, des lettres-patentes qui autorisèrent leur établissement, mais dans Paris seulement. Les oppositions de l’évêque, du parlement et de l’université suspendirent l’effet de cette faveur. Soutenus par les princes Lorrains qui régnaient sous le nom de François II, les Jésuites allaient triompher de tous les obstacles, lorsque la mort du jeune monarque vint leur susciter de nouveaux embarras. Malgré les lettres de jussion, adressées au parlement par Charles IX, les juges hostiles à la nouvelle société décidèrent que le droit d’approuver cette compagnie appartenait seul à l’assemblée générale du clergé, tenue à Poissy et présidée par le cardinal de Lorraine ; le colloque de Poissy admit l’institution des Jésuites en France à titre de société religieuse et de collége. Ce ne fut qu’en 1562 que le parlement consentit à l’enregistrement de cette décision. On doit donc fixer à cette époque l’établissement légal des Jésuites à Paris. Le cardinal Duprat leur avait fait en mourant plusieurs legs considérables pour les aider à fonder un collége. Les Jésuites, jaloux de remplir les dernières intentions de leur bienfaiteur, achetèrent un grand hôtel situé dans la rue Saint-Jacques. Cette maison avait appartenu à Bernard de la Tour, évêque de Langres. Le recteur de l’université accorda aux Jésuites la permission d’enseigner. Ces pères ouvrirent des cours et donnèrent à leur maison le nom de collége de Clermont de la société de Jésus. À peine avaient-ils commencé leurs leçons, qu’un nouveau recteur leur défendit l’exercice des classes. Alors s’élevèrent de nouvelles contestations. Heureusement pour eux, la cause