civil et le domicile desquels on n’a pu se procurer de renseignements suffisants pour faire dresser leurs actes de décès. — Le but que l’administration s’est proposé d’atteindre par l’institution de la Morgue est évidemment d’arriver à ce que le plus grand nombre possible des corps qu’on y transporte soit reconnu. Une exposition publique prolongée serait sans doute le meilleur moyen d’arriver à ce résultat, mais de puissantes considérations de salubrité ne permettent pas, dans l’état actuel de la science, de s’arrêter sérieusement à ce moyen, et il est aujourd’hui reconnu que les cadavres ne peuvent sans inconvénient séjourner plus de trois jours à la Morgue. C’est donc dans ce délai assez restreint qu’il s’agit d’obtenir les reconnaissances, puisqu’au-delà elles ne pourraient être opérées que sur le vu des effets seulement, et présenteraient dès lors plus de difficultés et surtout moins de certitude.
C’est dans ce sens qu’ont été dirigés jusqu’à présent les efforts de l’administration et, grâce à l’intelligente activité du greffier actuel de la Morgue, grâce à la promptitude des démarches officieuses faites pour faciliter et hâter les reconnaissances, le service de cet établissement a subi depuis quelques années d’importantes améliorations.
Ainsi, en 1830, quatre corps seulement étaient reconnus sur dix qu’on apportait à la Morgue, et aujourd’hui les reconnaissances s’élèvent à près des 9/10es ; autrefois les corps séjournaient en moyenne quatre à cinq jours à la Morgue avant d’être inhumés ou reconnus ; aujourd’hui la moyenne du séjour qu’ils y font n’est que de vingt-quatre heures environ.
Nous allons terminer cette notice par une statistique détaillée qui donnera une idée de l’importance de l’établissement.
La Morgue de Paris reçoit en moyenne chaque année : 1o des quarante-huit quartiers de Paris ; 2o des soixante-dix-huit communes de la banlieue ; 3o des communes de Sèvres, Saint-Cloud et Meudon, comprises dans le ressort de la préfecture de police quoique faisant partie du département de Seine-et-Oise ; 4o de quelques autres communes environnantes, telles qu’Argenteuil, Saint-Germain, etc.
1o Portions de cadavres (10 à 12 chaque année) | 11 |
2o Fœtus | 38 |
3o Nouveau-nés à terme | 26 |
4o Cadavres d’adultes (hommes 238, femmes 51) | 289 |
Ce nombre de 289 adultes se divise en quatre catégories principales :
Hommes | Femmes | Total | |
Homicides | 3 | 2 | 5 |
Morts subites ou par maladie | 34 | 11 | 45 |
Blessures accidentelles suivies de mort | 66 | 4 | 70 |
Suicides | 134 | 35 | 169 |
Ces deux derniers articles méritent quelques développements que nous allons donner sous forme de tableaux synoptiques et qui, nous l’espérons, n’offriront pas moins d’intérêt au moraliste qu’au simple curieux. Nous devons toutefois faire observer que, malgré l’exactitude presque rigoureuse des documents que nous donnons, on n’aurait qu’une idée imparfaite du nombre des accidents et des suicides dont le département de la Seine est chaque année le théâtre, si nous n’y faisions figurer que le nombre des corps apportés à la Morgue. On le comprendra facilement si l’on veut bien remarquer que les individus blessés, tués ou suicidés dans leur domicile ou dans d’autres endroits où ils sont connus, ne sont presque jamais conduits à la Morgue, puisqu’on possède généralement sur leur état civil les renseignements nécessaires pour faire dresser leur acte de décès ; nous avons donc cru indispensable de compléter nos tableaux en y ajoutant le chiffre des victimes d’accidents et de suicides dont les corps ne sont pas transportés à la Morgue.