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Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/497

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Où fut jadis la Planche de Mibray,
Tel nom portoit pour la vague et le bray
Getté de Seine en une creuse tranche
Entre ce pont que l’on passoit à planche,
Et on l’ôtoit pour être en seureté. »

Pour faire comprendre ces vers, il est nécessaire de rappeler qu’à cette époque les eaux de la Seine, surtout pendant l’hiver, venaient battre les murailles des premières maisons de la rue de la Planche-Mibray ; le fleuve en se retirant laissait, pendant l’été, sur cette partie de sa rive, une espèce de mare profonde remplie de boue, qui s’étendait jusqu’au carrefour formé par la jonction des rues de la Coutellerie et de la Vannerie. Le nom de Vannerie qui signifiait pêcherie, celui de Bray qui indiquait un marécage, une mare, coïncident avec l’explication donnée dans les vers que nous avons cités, pour prouver l’existence et l’étendue de ce vaste bourbier ou creuse tranche, comme dit le poète. Dans les temps de guerre civile, pour empêcher l’abord du pont, on retirait les planches placées sur cette mare. La syllable mi qui sert à composer le mot mibray, signifie parmi, au milieu ; ainsi la planche ou plutôt les Planches-Mibray consistaient en un plancher qu’on enlevait au besoin et qui s’étendait depuis le carrefour de la Vannerie jusqu’à l’entrée du pont. En 1413, ce pont fut bâti en bois. Plusieurs historiens pensent que sa construction date de 1412 mais nous croyons devoir plutôt nous en rapporter à l’auteur du Journal de Paris, sous le roi Charles VI, qui s’explique ainsi « Ce dit jour (31 mai 1413), le pont de Planches-de-Mibray fut nommé le pont Notre-Dame, et le nomma le roi de France Charles et frappa de la trie sur le premier pieu, et le duc de Guyenne son fils, après et le duc de Berry et de Bourgogne, et le sire de la Trémoille ; et c’étoit de dix heures au matin. » — Les prévôt des marchands et échevins obtinrent au mois de juillet 1414, des lettres du roi qui les autorisèrent à faire exécuter ce pont. Il ne fut achevé qu’en 1421 ; il était chargé de soixante maisons, trente de chaque côté de la route. Ces habitations se faisaient remarquer par leur élévation et l’uniformité de leur construction.

Le 25 octobre 1499, le pont Notre-Dame s’entrouvrit et les maisons s’écroulèrent avec un fracas horrible. Ce malheur arriva par suite de la négligence des magistrats de la ville.

Le parlement manda bientôt à la barre le prévôt des marchands, les échevins, et les fit emprisonner. Par arrêt du 5 janvier 1500, il destitua Jacques Piédefer, prévôt des marchands, Antoine Malingre, Louis du Harlay, Pierre Turquant et Bernard Ripault, échevins, les déclara incapables d’exercer à l’avenir aucune fonction, et les condamna à de fortes amendes. Ils moururent tous en prison. — Le roi accorda, pour les frais de la reconstruction du pont, six deniers pour livre à prendre pendant six ans aux entrées de Paris sur tout le bétail à pied fourché. En attendant son achèvement, un bac fut établi malgré les obstacles que suscita l’abbé de Saint-Germain-des-Prés. Jean Joconde, cordelier, qui avait déjà présidé à la construction du Petit-Pont, fut chargé de diriger les travaux de celui-ci qui fut achevé en 1512 et bâti en pierre. Sur une des arches était gravé ce distique en l’honneur du savant architecte :

Jocundus geminos posuit tibi. Sequana pontes,
Nunc tu jure potes dicere pontifleem.

Soixante-dix maisons furent d’abord construites de l’un et de l’autre côtés de la route de ce pont. Dans la suite, lorsqu’on eut établi des quais à son extrémité, on abattit les propriétés qui s’opposaient à la circulation de ces quais, de sorte qu’il ne resta plus que soixante-et-une maisons, trente d’un côté et trente-et-une de l’autre. — Ce fut sur le pont Notre-Dame que l’infanterie ecclésiastique de la ligue fut passée en revue par le légat le 3 juin 1590. Capucins, moines, cordeliers, jacobins, carmes, feuillants, etc., tous la robe retroussée, le capuchon bas, le casque en tête, la cuirasse sur le dos, l’épée au côté et le mousquet sur l’épaule, marchaient quatre à quatre ; le révérend évêque de Senlis à leur tête avec un esponton ; les curés de Saint-Jacques-de-la-Boucherie et de Saint-Côme faisaient les fonctions de sergents-majors. Quelques uns de ces miliciens d’un nouveau genre, sans penser que leurs fusils étaient chargés à balle, voulurent saluer le légat, et tuèrent à côté de lui un de ses aumôniers. Son éminence épouvantée, s’écria : « Mes amis, le soleil de juin est trop chaud, il m’incommode » puis il leur donna sa bénédiction et s’en alla : — Le pont Notre-Dame, réparé à diverses époques, notamment en 1659, est le plus ancien des ponts qui existent à Paris. — « 22 avril 1769. — Art. 14e. Les maisons construites sur le pont Notre-Dame seront démolies et supprimées, et lors de cette suppression, il sera pratiqué des parapets et trottoirs de largeur convenable, des deux côtés. » (Extrait des lettres-patentes). — Cette amélioration ne fut exécutée qu’en 1786. On adoucit la montée, la route beaucoup plus vaste, fut bordée ensuite de larges trottoirs. Ce pont est composé de six arches en plein cintre de 9 m. 50 c. à 17 m. 30 c. d’ouverture ; les piles ont 3 m. 90 c. d’épaisseur. La plinthe qui couronne le pont est soutenue par des modillons, et quoique la pierre de Paris ne soit pas généralement bonne, il faut qu’elle ait été bien choisie dans cette occasion, car on y remarque très peu de dégradations. La largeur d’une tête à l’autre est de 23 m. 60 c. En 1793, on l’appelait le pont de la Raison. Sur ce pont on voit la pompe dite de Notre-Dame, bâtie en 1670 et reconstruite en 1708.

Notre-Dame (rue du cloître).

Commence à la rue Chanoinesse, no 1 ; finit au Parvis Notre-Dame et à la rue d’Arcole, no 19. Pas de numéro impair ; ce côté est bordé par la cathédrale ; le dernier pair, 30. Sa longueur est de 188 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Cette rue a été formée sur la plus grande partie de