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Devenu roi, Jean habita quelque temps l’hôtel de Bohême ou de Nesle, ainsi que le constatent des lettres patentes du mois de novembre 1356, données Parisis. in hospitio nostro de Negella.

Le 5 février 1355, le roi Jean fit cession au comte de Savoie, Amédée II, de son hôtel de Bohême, qui passa ensuite à Louis, deuxième fils du roi Jean. La veuve de Louis d’Anjou, tante de Charles VI, vendit cette habitation au roi moyennant 1,200 livres. Charles VI la céda à Louis de France, alors duc de Touraine, depuis duc d’Orléans.

L’hôtel de Bohème changea son nom et prit celui d’Orléans.

Il appartenait en 1499 au roi Louis XII. L’année suivante le roi donna une partie de son hôtel d’Orléans aux religieuses Pénitentes, et céda l’autre partie à Robert de Framezelles.

Aucun changement n’eut lieu jusqu’au règne de Charles IX.

Les astrologues avaient prédit à Catherine de Médicis qu’elle mourrait près d’un endroit qui porterait le nom de Saint-Germain. Aussitôt la reine-mère voulut quitter les habitations qui rappelaient Saint-Germain. On la vit abandonner successivement le Louvre et les Tuileries, en raison de leur proximité de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Catherine de Médicis jeta les yeux alors sur le couvent des Filles-Pénitentes. Le 4 novembre 1572, un contrat d’échange fut passé entre la reine-mère, les religieux de Saint-Magloire qui habitaient la rue Saint-Denis, et les Filles-Pénitentes.

Au mois de décembre suivant, Charles IX ratifia cet échange, par lequel la reine abandonna aux religieux de Saint-Magloire un terrain situé près de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas. En contre-échange, ces religieux laissèrent aux Filles-Pénitentes leur monastère de la rue Saint-Denis, et la reine prit possession du couvent de la rue du Four. Catherine acheta l’hôtel d’Albret, fit supprimer une partie des rues d’Orléans et des Étuves et prolonger celle des Deux-Écus, depuis la rue d’Orléans jusqu’à la rue de Grenelle. Alors s’éleva un hôtel magnifique, bâti sur les dessins de Jean Bullant et de Salomon de Bresse. L’habitation de Catherine reçut le nom d’hôtel de la Reine. « Le bâtiment qu’elle entreprit, dit Sauval, parut si magnifique, que dans tout le royaume, alors, il ne le cédait qu’au Louvre et à son palais des Tuileries ; elle le rendit si commode qu’on y compte cinq appartements des plus grands… On y entre par un portail aussi grand que superbe ; quoiqu’imité de celui du palais de Farnèse à Caprarolle, il passe néanmoins pour un des chefs-d’œuvre de Salomon de Bresse, l’un des meilleurs architectes de notre temps, etc… »

Après la mort de Catherine de Médicis, son hôtel échut par succession à sa petite-fille, Christine de Lorraine, femme de Ferdinand Ier, grand duc de Toscane.

Mais la reine-mère avait laissé des dettes si considérables, qu’on fut obligé de vendre son hôtel. Catherine de Bourbon, sœur de Henri IV et créancière de la défunte, l’acheta en 1601. Il fut adjugé, par décret du 21 janvier 1606, à Charles de Bourbon, comte de Soissons. Cette résidence, réparée et agrandie, prit le nom d’hôtel de Soissons, qui lui est resté jusqu’à l’époque de sa démolition. Au commencement du XVIIIe siècle, il passa au prince de Carignan, et sous la régence, Law en fit la succursale de ses opérations financières. Par suite du discrédit des actions de la banque, le prince de Carignan fut ruiné et son hôtel vendu après sa mort à divers particuliers.

Lettres-patentes du roi en forme de déclaration portant établissement dans la ville de Paris, d’une nouvelle halle aux bleds et d’une gare pour les bateaux. Données à Versailles le 25 novembre 1762.

« Louis, etc… Occupés à l’exemple des rois nos prédécesseurs de tout ce qui peut augmenter la splendeur de la capitale de notre royaume, et procurer à ses habitants de nouveaux agréments et de plus grandes commodités, nous avons porté successivement notre attention sur les différents objets d’utilité et de décoration qui peuvent encore rester à désirer parmi tant d’édifices et de monuments consacrés à la piété, à l’utilité et à la magnificence publique, entrepris ou achevés de notre règne. Nous n’avons jamais perdu de vue ceux qui peuvent assurer et augmenter l’abondance des choses nécessaires à la vie des citoyens, et qui par l’affection réciproque que nous devons à nos peuples tiendront toujours le premier rang dans notre cœur ; c’est dans cet esprit que pour suppléer au peu de commodité des halles actuelles, devenues beaucoup trop resserrées par l’agrandissement successif de Paris, nous avons dès le mois d’août 1755, par nos lettres-patentes enregistrées au parlement, ordonné à nos très chers et bien amés les prévôt des marchands et échevins de notre bonne ville de Paris, de faire l’acquisition du terrain où était ci-devant l’hôtel de Soissons, et de l’employer à la construction d’une nouvelle halle, etc. À ces causes, etc. — Article 1er. Lesdits prévôt des marchands et échevins feront incessamment construire une halle pour les grains et farines dans l’emplacement de l’hôtel de Soissons, dans un espace de 1,800 toises de superficie, conformément au plan qui sera par nous adopté, etc… — Art. 14. Ordonnons qu’en présence desdits prévôt des marchands et échevins, et en celle de M. Deniset, président des trésoriers de France, que nous avons commis à cet effet, il sera par le maître-général des bâtiments de la ville, tracé de nouvelles rues pour les abords et au pourtour de ladite halle, ensemble une nouvelle place au milieu d’icelle, le tout dans les endroits, longueurs et dimensions indiquées par le plan qui sera par nous approuvé. Voulons que les acquéreurs des terrains dont nous avons ordonné la revente par l’article 4me