Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/303

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la brutalité, parce que cette brutalité les choquait directement, mais rabbi Yochai disant : « Le meilleur des goïm, tue-le ! » ne fut pas plus féroce que saint Louis pensant que le moyen le plus recommandable de discuter avec un Juif était de lui bouter de la dague dans le ventre, ou que le Pape Urbain III écrivant dans une bulle : « Il est permis à tout le monde de tuer un excommunié quand on le fait par un motif de zèle pour l’Église. »

Encore faut-il se rendre compte d’une chose. Quelques Juifs modernes et quelques philosémites ont repoussé avec horreur ces aphorismes et ces axiomes qui ont été des aphorismes et des axiomes nationaux. Les invectives aux goïm, aux minéens, furent, disent-ils, adressées aux Romains, aux Hellènes, aux Juifs apostats, jamais elles n’ont visé les chrétiens. Il y a une grande part de vérité dans ces affirmations, une grande part d’erreur aussi. C’est en effet au temps où la nationalité juive fut menacée, au temps où l’esprit juif fut battu en brèche par l’esprit grec, et où l’influence hellénique menaça de devenir prépondérante, c’est à ce temps-là qu’il faut rapporter une partie des prescriptions contre les étrangers, prescriptions qui furent l’œuvre des Juifs défenseurs de leur esprit national. Plus tard, lors des guerres romaines, les malédictions devinrent plus âpres ; contre l’oppresseur on trouva tout permis, on préconisa toutes les violences, toutes les haines, et le Talmud fut l’écho de ces sentiments ; il enregistra préceptes et paroles, et il les perpétua. Lorsque le