qu’Israël est dispersé à cause de la mort du Christ : il tire des prophètes, des récits bibliques, les preuves de la divinité de Jésus, et il recommande à ses ouailles de ne pas accourir aux sermons de ces Juifs qui appellent la croix une abomination, et dont la religion est nulle et inutile pour ceux qui connaissent la vraie foi. En un mot, termine-t-il, c’est une chose absurde de frayer avec les hommes qui ont si indignement traité Dieu, et d’adorer en même temps le Crucifié.
Ces homélies de Chrysostome sont caractéristiques et précieuses. On y trouve toute la tactique que les prédicateurs chrétiens emploieront pendant des siècles, ce mélange de raisonnements et d’apostrophes, de persuasion et d’injures qui est resté le propre de la prédication antijuive. On saisit surtout le rôle du clergé dans le développement de l’antijudaïsme, religieux d’abord, car l’antijudaïsme social n’est venu que plus tard dans la société chrétienne. En lisant ces sermons, on a un très animé et très vivant tableau des rapports du judaïsme et du christianisme au quatrième siècle, rapports qui ont persisté longtemps encore, jusqu’au neuvième siècle environ.
Les Juifs n’étaient pas encore arrivés à cette conception exclusive de leur personnalité et de leur nationalité qui fut l’œuvre des talmudistes. Leur manière de vivre, au point de vue extérieur, n’était pas différente de celle des peuples au milieu desquels ils vivaient ; ils se mêlaient à la vie publique, et cela