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la rue Saint-Thomas d’Aquin, soit à la direction de l’artillerie. Une longue enquête a été faite en ces deux endroits, nul officier n’a déclaré avoir donné sur sa demande, ou autrement, des renseignements au capitaine Dreyfus. L’accusation n’a donc trouvé aucune preuve, elle n’en fournit aucune et sur ce point l’acte se borne à dire de l’accusé : « II lui a suffi (!) de se procurer soit à la direction d’artillerie, soit dans des conversations avec des officiers de son arme, les éléments nécessaires pour être en mesure de produire la note en question. » Affirmation vague à laquelle on ne peut attacher de valeur.

2° Note sur les troupes de couverture (quelques modifications seront apportées par le nouveau plan).

Depuis le 1er janvier 1894, jusqu’au mois de juillet, le capitaine Dreyfus travailla au deuxième bureau et ne sut jamais ce qui se passait au sujet des troupes de couverture. Jamais d’ailleurs l’accusation n’a pu s’expliquer sur cette note. Quoi qu’il en soit, c’est seulement au mois de septembre que le capitaine Dreyfus fut chargé de l’autographie de tableaux relatifs à la couverture. Or, c’est au mois de septembre que la lettre incriminée est tombée entre les mains du ministre de la guerre. Quant aux modifications apportées au mois d’avril au fractionnement du commandement des troupes de couverture, le capitaine déclara qu’il les avait toujours ignorées.

« Il nous paraît impossible (!), dit l’accusation, que le capitaine Dreyfus n’ait pas eu connaissance des modifications apportées au fractionnement du commandement des troupes de couverture au mois d’avril dernier, le fait ayant eu un caractère confidentiel, mais non absolument secret et les officiers employés à l’état-major de l’armée ayant pu, par suite, s’en entretenir entre eux et en sa présence. » Nouvelle supposition sans preuve, car l’enquête n’a jamais pu trouver personne pour témoigner de son bien fondé ;

3° Une note sur les modifications aux formations de l’artillerie.

« Il doit s’agir (!), dit l’acte d’accusation, de la suppression des pontonniers et des modifications en résultant. Il est inadmissible (!) qu’un officier d’artillerie ayant été employé au premier bureau de l’état-major de l’armée, ait pu s’en désintéresser quelques semaines avant qu’elle ne devint officielle. » C’est possible, mais on ignore s’il s’agit de cette suppression si peu importante à connaître puisqu’elle doit être officiellement annoncée dans quelques jours, et qu’elle a été publiquement discutée à la Chambre des députés le 21 mai 1894, sur le rapport du général Jung. Admettons cependant cette hypothèse. Le commandant du Paty de Clam, dans un interrogatoire, avait dit au capitaine Dreyfus qu’il avait dû s’entretenir avec un officier du premier bureau des modifications aux formations de l’artillerie. Il était donc facile de limiter l’enquête, de lui donner plus de précision. On l’a fait. Les officiers du premier bureau ont déclaré que jamais le capitaine Dreyfus ne leur