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Page:Lazare - Une erreur judiciaire. La vérité sur l'affaire Dreyfus, Veuve Monnom, 1896.djvu/22

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avait demandé des renseignements sur ces modifications.

L’accusation en prend son parti. Les officiers interrogés disent non à ses demandes, elle répond : « Il est inadmissible (!) que Dreyfus ait pu se désintéresser de la chose. »

4o Une note relative à Madagascar.

Le capitaine Dreyfus, dit l’accusation, a pu facilement se procurer les éléments de cette note qui présentait un si grand intérêt pour une puissance étrangère (!). En effet, au mois de février 1894, le caporal Bernollin, alors secrétaire du colonel de Torcy, chef du 2 e bureau de l’état-major de l’armée, fit, dans l’antichambre contiguë au cabinet de cet officier supérieur, une copie d’un travail d’environ 22 pages sur Madagascar. L’exécution de cette copie dura environ cinq jours et, pendant ce temps, minute et copie furent laissées à la fin des séances de travail dans un carton placé sur la table-bureau du caporal Bernollin. En outre, quand pendant les heures de travail, le secrétaire s’absentait momentanément, la copie qu’il faisait restait ouverte et par suite pouvait être lue. Or, dans sa déposition, le caporal Bernollin déclara, sans préciser de date, que le capitaine Dreyfus était venu quatre ou cinq fois dans cette antichambre, pendant qu’il faisait son stage à la section allemande, pour voir le colonel de Torcy. Il n’est cependant pas question de savoir si le capitaine Dreyfus est venu dans cette antichambre très fréquentée où on laissait, déployé à la vue de tous, ce travail si important ; il y est venu comme cent autres personnes appelées auprès du colonel de Torcy. Quelqu’un a-t-il vu le capitaine Dreyfus lire ce document ? Le capitaine Dreyfus a-t-il demandé à quelqu’un des renseignements sur Madagascar ? Non, l’instruction n’a trouvé personne, et l’accusation comprend si bien qu’elle ne peut s’appuyer, pour incriminer le capitaine, sur sa présence toute naturelle dans cette antichambre ouverte, qu’elle dit : « Le document a pu (!) encore être lu par le capitaine Dreyfus, quand il a été réintégré à la section anglaise qui s’occupait alors de Madagascar. »

5o Le projet de manuel de tir de campagne du 14 mars 1894

« Le capitaine Dreyfus a reconnu, au cours de son premier interrogatoire, s’en être entretenu à plusieurs reprises avec un officier supérieur du 2e bureau de l’état-major de l’armée. » Voilà ce que dit l’acte d’accusation.

L’acte d’accusation ment. Quand la question fut posée au capitaine Dreyfus par le commandant du Paty de Clam, elle fut posée d’une façon ambiguë et vague. Il répondit « Oui ». Lorsqu’il lut le document et qu’il vit de quoi il s’agissait il protesta et dit qu’il n’avait jamais parlé à l’officier désigné que de l’artillerie allemande et non du manuel de tir dont il ignorait l’existence. Il demanda qu’on fît venir cet officier supérieur, le commandant Jeannel, qu’on le confrontât avec lui. La confrontation n’eut jamais lieu. Pourquoi ? Parce que le