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BAPTÊME DE SANG

dormirait aussi dans le cimetière où ils reposaient.

Bon nombre de travailleurs étaient à l’œuvre, et l’on entendait de loin résonner, comme une fanfare étrange, sous les coups de la hache et du maillet, les morceaux de bois sonores.

Léandre Martel, un des. garçons de Louis, taillait l’ouvrage et dirigeait les ouvriers. C’était un gaillard calme, pas empressé du tout, mais qui voyait juste et marchait droit au but. Souriant toujours, il allait d’un groupe à l’autre, traçant avec un crayon noir des mortaises et des entailles, donnant des conseils ou dictant des ordres.

Les scies aux dents acérées chantaient en faisant pleuvoir le bran, comme une poudre d’or, sur l’herbe piétinée. Le carré s’élevait vite avec ses châssis béants comme des yeux vides. Les chevrons furent enfin montés l’un après l’autre, bien appuyés sur les sablières et liés ensemble par des lattes. Le soir, quand le