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BAPTÊME DE SANG

commandement de Bonaventure Viger, un brave qui s’était improvisé chef.

Il s’agissait d’arracher aux anglais fanfarons Demaray et Davignon, deux des nôtres qu’ils avaient faits prisonniers. Je crois que cet engagement est le premier qui eut lieu à cette époque troublée.

Nous étions une trentaine de citoyens occupés à fondre des balles dans la maison du capitaine Vincent, à Longueuil, lorsque Viger arriva. Quel vaillant que ce Viger, mes enfants ! Il pouvait tenir un bataillon en échec. Jeune, dévoué, sans peur, adroit, agile, il était partout à la fois.

Nous voulions nous battre tout de suite, dans les rues, contre tous les « Goddam, » mais les « Goddam » juraient de brûler le village si nous faisions un mouvement.

— C’est bien, dit Viger, nous allons leur jouer un tour de notre façon. Les Chouayens vont voir ce que c’est que des patriotes. Attendons la nuit.

Elle était lente à venir. Nous avions