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LE HIBOU

son bec crochu, fermé serré, lui donne un air très méchant.

Il nous regardait.

— Tue-le, c’est le moment, dis-je à mon ami.

Il me répond qu’il va le prendre vivant. Et aussitôt il se lève du lit de sapin et s’avance vers la cheminée. Je fais de même, tout prêt à l’aider, car il n’était pas aisé de se rendre maître du morose oiseau, sans recevoir quelques baisers de son bec dur et quelques égratignures de ses griffes acérées.

— Je vais le saisir par le cou, prends-le par les pattes, ordonne-t-il.

Le hibou ne remuait pas. Il nous regardait toujours d’un air de défi qui n’était nullement rassurant. La flamme se repliait comme pour mourir ; la lueur se tamisait comme si elle eut passé dans une brume froide ; le foyer avait des ombres singulières qui dansaient au-dessus de la cendre. Le hibou paraissait grossir.

— Il est énorme, observai-je.