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L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

Quelques années s’écoulèrent et nous fîmes un grand pas dans la vie. Chacun de nous prit son chemin et commença la lutte pour l’existence.

Noé avait fixé ses pénates dans une place d’eau. À Cacouna, je crois. Je n’affirme point. Il jugeait que les bains lui seraient d’un grand secours, à cause de l’imprudence des baigneurs ; cependant sa confiance n’allait pas jusqu’à espérer de rendre la vie aux infortunés, qui l’auraient définitivement laissée au fond des eaux amères.

Il fut appelé, un jour, auprès d’une jeune fille qui s’était, en effet, trop attardée dans l’onde caressante mais perfide. On l’avait retirée à demi noyée. Il la sauva. Elle eût été sauvée sans lui, mais il était écrit que la chose arriverait ainsi. Elle eut de la reconnaissance envers son jeune médecin. De la reconnaissance à l’amitié la transition est toute naturelle et la distance, toute courte. Elle lui donna son amitié. De l’amitié à l’amour le saut n’est jamais