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FONTAINE VS. BOISVERT

faute grossière, la candeur naturelle se révolte et le bon sens est écœuré.

Angélique était douce envers tout le monde, mais surtout envers Joseph Boisvert, qui l’avait fait danser plus souvent que les autres, à la dernière « épluchette » de blé d’Inde. Il l’avait même embrassée à deux reprises, grâce à un épi rouge. Vous savez, dans les « épluchettes, » les épis de maïs où le soleil a incrusté des rubis en guise de grains, confèrent au « porteur » le privilège d’effleurer de ses lèvres une joue rose… ou une autre. Mais une fois seulement. Plus que cela, il y a larcin. Un larcin qui n’est pas encore prévu par le code. Au reste, il se pardonne toujours, et nos législateurs peuvent garder leurs foudres pour des baisers de Judas, par exemple.

Il lui avait dit, en partant, un mot un peu mystérieux, et elle s’était perdue en d’adorables conjectures. Ils s’étaient revus le lendemain et des jours suivants. Quand on est voisins on se voisine. Il avait parlé