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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/510

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FONTAINE VS. BOISVERT

plus clairement ; ça n’aurait pas été nécessaire. Les amoureux déchiffrent tous les hiéroglyphes, comprennent tous les signes de la cabale, et devinent ce qu’ils ne comprennent point.

Quand il entra pour voir le père Fontaine au sujet du fossé, elle filait, en chantant, de molles cardées de laine blanche, couchées dans un long panier de frêne. Son pied s’arrêta sur la marche du rouet, la chanson ferma son aile, et le fuseau cessa de bourdonner.

Le jeune homme la salua en souriant. Elle se leva toute rougissante, et, approchant une chaise adossée à la cloison, elle le pria de s’asseoir.

— Je n’ai guère d’instants à passer avec toi aujourd’hui, fit-il, mais je reviendrai bientôt, si tu le veux.

En disant cela il l’enveloppait d’un chaud regard.

— Si je le veux ? répéta-t-elle.

Et le rayon mystérieux qui s’échappa de leurs paupières, descendit jusqu’au