Aller au contenu

Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/511

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
473
FONTAINE VS. BOISVERT

fond de leur âme, et, sous leur calme, des émotions ravissantes se réveillèrent, comme sous la mer unie les grandes lames invisibles. Ils demeurèrent un moment silencieux.

— Il faut que je voie ton père, commença l’amoureux garçon, est-il ici ?

— Il doit être à la grange, répondit Angélique. Il bat du blé qu’il portera au moulin demain.

Joseph le savait bien. Il avait entendu le fléau du vieux voisin tomber dru sur l’aire, mais il était venu quand même à la maison. Il ne fallait pas perdre une occasion de voir la jolie voisine.

— Il ne tardera peut-être pas à rentrer, continua la jeune fille ; attends un peu, assieds-toi.

Joseph ne résista pas à la caresse de la voix. Il vint s’asseoir près du rouet, et se mit à jouer avec le brin de laine qui flottait léger comme un fil de la vierge. Le fuseau se taisait, mais le cœur murmurait à son tour.