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Page:LeMay - Deux poëmes couronnés par l'Université Laval, 1870.djvu/185

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du canada


 Alors, aussi, l’enfer eut un moment de joie,
Et les Esprits maudits, par une sombre voie
Sortirent tout joyeux de leurs gouffres ardents ;
Puis au milieu des airs ils planèrent longtemps,
Comme de noirs corbeaux, au-dessus des rivages
Où le fléau cruel faisait tant de ravages.
— « Les voilà, disaient-ils, en les montrant du doigt,
« Les voilà ces héros ! ces hommes au cœur droit,
« Qui se vantaient hier de nous ravir ce monde
« Et de couvrir nos fronts d’une honte profonde !
« Où donc est aujourd’hui le Dieu qui les défend ?
« Honte au ciel ! gloire à nous ! L’enfer est triomphant !
« Il ébranle de Dieu le tyrannique empire ! »
Et l’air retentissait de leurs éclats de rire.
Et pendant qu’ils riaient, un ange prosterné
Sur la cime du cap, près de Stadaconé,
Versait des pleurs amers en voilant de son aile
Les suaves rayons de sa face immortelle.