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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

où et comment il a trouvé la petite. L’un des hommes de cage va puiser de l’eau dans un plat de fer blanc et lave la figure ensanglantée de l’enfant inconnue.

La fraîcheur de cette onde pure la ranime, elle entrouvre ses beaux yeux noirs, cherche autour d’elle, puis, d’une voix faible, elle murmure : Tante, où es-tu ?… j’ai soif ! On se hâte de lui donner à boire, puis on l’accable de questions. Mais ses pensées sont confuses. Elle dit seulement : Mes framboises !… Oh ! tante va me battre… Et elle se met à pleurer.

La cage, emportée par le courant, s’éloignait du rivage. Le contre-maître, se penchant sur l’enfant que Djos tenait toujours dans ses bras, lui dit : Veux-tu retourner voir ta mère.

La petite répondit : J’ai peur ! j’ai peur ! ma tante va me battre !…

Le muet avait des larmes dans les yeux. De minute en minute il s’attachait à cet ange que le ciel venait, en quelque sorte, de lui confier… Il avait peur qu’on le lui ravit. Il se souvenait de ses souffrances passées et se montrait plus sensible aux souffrances des