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Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/17

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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Venez vous asseoir. Disant cela, elle apporte une chaise à son ancienne voisine : Il fait beau, reprend-elle, et nos hommes, je l’espère, se sont rendus heureusement à Québec.

La mère Lozet ne peut retenir une larme qui roule sur sa joue. Elle n’ose parler, car sa voix brisée par l’émotion la trahirait trop vite. Elle s’assied, tire sa tabatière d’argent et son mouchoir de poche, et, pour se donner de la contenance, elle hume une prise de tabac. La jeune femme continue : — Je n’ai pas été bien la nuit dernière. J’ai mal dormi. Des rêves fatigants m’écrasaient la poitrine sitôt que je fermais les yeux. Puis l’heure approche je crois. Si le vent d’en haut retardait la berge, je pense qu’à son retour Jean trouverait sa famille augmentée… Si je lui donnais une fille, comme il serait content !

En entendant cela la mère Lozet perd toute contenance et les sanglots l’étouffent.

— Mon Dieu ! qu’avez-vous donc, madame Lozet ? Qu’y a-t-il ? vite ! parlez ! repart la jeune femme. Est-il arrivé quelque chose à Jean ? Se serait-il noyé ?… Mon Dieu ! Mon Dieu ! Et la pauvre créature, en proie à la plus