Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/302

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sieurs, dit-il aux constables, allez donc la chercher, saisissez-la, j’ai des droits sur elle ; amenez-la !

— Nous ne le pouvons pas, répondent les constables. Nous n’avons des ordres que pour arrêter le voleur que voici. Notre tâche est terminée.

Le muet a peur que la maîtresse de la maison ne se laisse convaincre. Il attache ses regards sur elle et suit avec anxiété toutes les impressions qui passent sur sa figure. Geneviève, un peu remise de son effroi, entend les paroles hypocrites du maître d’école. Le courage et l’énergie lui sont rendus ; elle sort de la chambre où elle s’était cachée, s’avance hardiment vers Racette et l’apostrophe ainsi :

— Lâche séducteur de femmes, tu peux cesser tes hypocrites prières ! tu n’auras pas l’enfant qu’une femme sainte m’a confiée. Tu m’as perdue un jour, homme sans cœur, et cette femme m’a sauvée ! C’est elle qui m’a tirée de tes mains pleines d’iniquités, et qui a déchiré le voile qu’une folle passion avait jeté devant mes yeux ! J’ai vu mes fautes ! j’ai vu l’abîme où tu m’entraînais, et j’ai prié, et j’ai pleuré !