Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/116

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— Attendons qu’il nous ait dénoncés ! dit Charlot, d’un ton ironique, il sera bien temps !

— Pas de grâce ! répond Robert.

Racette ne dit rien.

— Quelle est votre opinion, maître d’école ? demande le chef.

— Racette répète avec emphase : Charité bien ordonnée commence par soi-même !

Le chef, debout, prononce gravement : Monsieur Djos, surnommé le muet, vous êtes condamné à subir la peine capitale, c’est-à-dire à être pendu, assommé, poignardé, noyé, étouffé, fusillé, écartelé, etc., etc., par tous et chacun de nous, à savoir par moi le chef, le docteur, le canotier, le marchand de bois et le maître d’école, dès que se présentera une occasion favorable de vous rendre ce service, et jusqu’à ce que mort s’en suive… Et que le diable ait pitié de votre âme !…

Eusèbe Asselin descendit à Québec aussitôt qu’il apprit l’élargissement du muet. Son triomphe avait été court, et le désappointement promettait de durer. Il épancha toutes ses craintes dans le cœur de son beau-frère, le maître d’école. Le beau-frère ne voulut pas ré-