Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voix du sang ; et s’il plaignit son beau-frère, il ne se donna nul trouble pour lui retrouver son argent.

Asselin se souvint des paroles imprudentes qu’il avait dites, dans l’auberge de l’Oiseau de proie, un jour qu’il s’était grisé en compagnie du docteur au sirop de la vie éternelle, et de quelques autres individus dont il ne se rappelait pas les noms. Il parla de cette imprudence à Racette. Celui-ci répliqua que ces paroles avaient pu être recueillies par les oreilles indiscrètes des flâneurs, qui passent d’une auberge à l’autre, pour espionner les honnêtes gens et se faire payer un verre. Il promit de s’occuper de l’affaire et de retrouver tous ceux qui étaient à l’auberge en ce moment-là. Il était sincère. Mais le motif de son honnêteté n’était pas ce que croyait Asselin. Le maître d’école venait de vendre sa liberté, et sa vie peut-être, à la bande dont il faisait désormais partie. Un pareil sacrifice valait quelque chose ; et il songeait à le faire payer un peu sans plus de délai. Il se dit qu’il avait le droit de parler haut maintenant dans les assemblées, de défendre ses propres intérêts et de faire triompher ses idées