Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/119

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s’il le pouvait. Il se sentit pris d’une grande ambition et se demanda pourquoi lui, un maître d’école, ne deviendrait pas le chef d’une troupe d’ignorants ! Il avait de riches dispositions à la scélératesse. Le premier pas seul coûte un peu dans le bien comme dans le mal, et l’énergie mène loin dans le bon comme dans le mauvais chemin. Racette affecte de savoir ce qu’il ne fait que soupçonner, et reproche rudement aux voleurs de ne pas respecter les parents de leurs associés. Ce coup de massue inattendue et soudain déconcerte tout le monde. On veut nier ; mais on le fait gauchement. Le maître d’école, voyant le succès de sa ruse, paie d’audace, et simule une grande colère :

— Non seulement vous dépouillez mes parents, reprend-il, mais vous manquez de franchise en niant votre faute. Ce n’est pas ainsi que vous vous attacherez des hommes de cœur et de dévouement ! Si nous avons des secrets les uns pour les autres, nous ne sommes plus de vrais amis, et si nous ne sommes pas de vrais amis, nous nous perdrons.

Le chef, pris au piège, lui réplique que