Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/144

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dant la nuit. La tempête passe, les vagues s’apaisent, et les ombres paraissent monter du pied des caps et des collines, paraissent sortir de toutes les baisseurs, de tous les ravins et de tous les enfoncements, pour s’étendre, comme un immense pavillon noir, au-dessus de la mer et des campagnes. Alors, oubliant leurs promesses et leurs résolutions déterminées par la peur de la mort, les brigands se rembarquent, prennent les rames et se dirigent, au hasard, vers la maison à pignons rouges. Le hasard, qui est mystère pour nous, mais qui est le secret de Dieu, pousse, comme une brise favorable, l’embarcation vis-à-vis la maison de Lepage, sur une grève rocheuse. Les bandits descendent à terre et l’un d’eux, marchant dans l’eau, repousse la chaloupe aussi loin que possible, la mouillant au large, afin qu’elle n’échoue pas et soit prête à cingler vers Québec, avec la jeune victime que l’on va enlever à ses gardiens. La chaloupe se rend au bout de sa chaîne et revient comme un cheval que les rênes tendues font reculer. Les cinq hommes suivent un sentier qui aboutit à la maison. Leur plan est bien mûri. Charlot doit entrer seul et demander l’hospitalité. Quand tout le monde sera