Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/158

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laissé toucher par les pleurs de l’innocence… et il nous aurait sauvées après avoir voulu nous perdre, si l’autre ne l’eut poussé au mal. Leurs noms, je ne les sais point. Il y avait un vieillard et un jeune homme. Celui-ci est grand et maigre. Il porte un sobriquet, car j’ai entendu ses amis l’appeler Picounoc…

— Picounoc ! répète l’ex-élève, Picounoc ! est-ce possible ?… Oh ! il en est bien capable…

— C’est lui qui voulait écouter les supplications de ma fille, comme je viens de vous le dire.

— Et personne n’était là pour vous défendre ?

— Nous avons crié. Des pas ont retenti sur le trottoir, des coups ont été frappés dans la porte… mais nous n’avons rien vu. Les scélérats ont eu peur et se sont enfuis… C’est le bon Dieu sans doute qui nous a prises en pitié et nous a protégées.

Cette déclaration rend le calme à l’ex-élève en le délivrant d’un outrageant soupçon. Il entre dans la chambre où s’est réfugiée la jeune fille ; il l’aperçoit à genoux, la face sur le lit :

— Emmélie, dit-il, Emmélie, je t’aime !… Vrai comme il y a un crucifix sur le mur, je