Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/179

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— Ce n’est pas étonnant alors qu’il enlève les enfants… ne le laissons pas échapper.

Pendant que le maître d’école, rendu fou par l’ivresse, élève pour le plonger dans le cœur de l’innocente enfant, son large couteau, la porte s’est ouverte sans bruit, et une ombre triste et lugubre est entrée. Le maître d’école, tout à son crime, n’a rien entendu. L’ombre silencieuse s’avance vers lui, lève ses bras maigres, tend ses doigts nerveux comme l’écrevisse ses mandibules, et au moment où le couteau s’abat sur l’ange endormi, saisit, comme une tenaille de fer, le cou dégagé de l’assassin. Racette, surpris, laisse tomber l’arme fatale. L’ombre, vive comme l’éclair, la ramasse.

Alors menaçant à son tour le bandit sanguinaire, l’ombre lui crie : Monstre ! quel mal t’a fait mon enfant ?… c’est mon enfant ! sa mère me l’a donnée pour que j’en prenne soin sur la terre !… Sauve-toi ! Je t’enfonce ce couteau dans le cœur… et, au lieu de sang, l’iniquité coulera !…

— Geneviève, dit le maître d’école… ne frappe pas ! écoute !… Je ne voulais pas la tuer… c’était pour lui faire peur… rien de plus !