Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/190

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— La venger de quoi ?… Ne l’ai-je pas respectée ?…

— Ah ! Dieu la protégeait !…

— Dieu a eu pitié de moi aussi, car ma douleur, mon désespoir seraient irrémédiables !

Emmélie, se séparant de l’ex-élève, a jeté ses bras autour du cou de sa mère, et toutes deux, la mère et la fille, hors d’elles-mêmes, regardent, sans pouvoir parler, sans pouvoir agir, la lutte des jeunes gens.

— Tu es fou, reprend Picounoc, de traiter ainsi ton vieil ami, pour une fredaine qu’il n’a pas commise, après tout.

— Lâche ! reprend l’ex-élève, je l’aime ! comprends-tu ? je l’aime !… elle est ma fiancée !…

— Elle est ma sœur !… répond Picounoc d’une voix émue.

— Tu mens ! dit l’ex-élève.

— Lui ! s’écrient les deux femmes.

Il y eut un instant de silence et d’émoi terribles. Picounoc regarde sa mère et sa sœur, assises toutes deux tremblantes et folles de terreur. Il s’approche d’elles en chancelant comme un homme ivre, et tombe à genoux à leurs pieds.