Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/225

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en avait acheté une dernièrement et qu’elle la revendrait peut-être.

Saint Pierre ne sortit guère le lendemain de son arrivée à Lotbinière. Pendant qu’Asselin vaquait à ses travaux du dehors, il s’entendit avec madame Asselin au sujet du pupille. Il ne lui dit pas, le vieux rusé, comme il craignait les révélations du jeune homme, et voulait le mettre dans l’impossibilité de rien prouver ; mais il lui jura qu’il ne ferait que par galanterie et dévouement pour elle ce qu’elle désirait. Madame Eusèbe fut doublement heureuse.

Il y avait sur la terre du pupille, à une vingtaine d’arpents du chemin de front, sur le bord sablonneux d’un ruisseau, une vieille cave à patates. Dès que le pupille serait arrivé dans la paroisse, Saint Pierre devait disparaître. Racette lui-même le conduirait vers le soir, avec la voiture de son beau-frère, à une certaine distance. Ils reviendraient tous deux pendant la nuit. Le vieillard se rendrait alors dans la cave sur le bord du ruisseau, et là, armé d’un bon fusil, le fusil d’Asselin, muni de liqueurs et de provisions de bouche, il at-