Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/226

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tendrait qu’un hasard heureux fit passer à sa portée le dangereux pèlerin. Madame Eusèbe s’obligeait à aider le hasard, afin que le bandit ne languit pas trop longtemps dans sa noire et triste cachette.

Le soir arrivé, le chef des voleurs et son adepte nouveau, chacun portant une bêche sur son épaule, sortirent furtivement de la maison d’Asselin et prirent à travers les champs. L’obscurité était épaisse. Mais, bientôt, la lune parut grande et sereine au-dessus des bois, et sa lueur était pareille à l’éclat d’un incendie lointain. Elle monta lentement dans le ciel, et les étoiles jalouses se cachèrent sur son passage. Les deux brigands arrivèrent au ruisseau. Sur le bord de la côte, la cave s’élevait noire au milieu du sable faune. L’eau dormait dans les échancrures nombreuses. De place en place, un arbre tombé en travers, des branches, des souches entassées formaient de petites digues qui retenaient l’onde fraîche, ou des ponts capricieux que défaisaient, pour les refaire plus loin, les orages de l’automne. En avant de ces barrages, le ruisseau paraissait désséché. Du côté sud la berge accore était ombragée de beaux