Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/244

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Mathurin ont voulu s’en revenir avec le muet. Mathurin est arrivé presque seul.

Le chef interrogea ces personnes et leur demanda si elles parlaient du muet guéri miraculeusement à Sainte Anne.

— Oui, répondirent-elles. Il va arriver dans une demi-heure au plus : vous voyez la berge sur la batture, vis-à-vis l’ilet. Elle ne monte pas vite, la brise est faible.

— Ce qu’il y a de plus étonnant, reprit l’autre, c’est que sa petite sœur est avec lui.

— Merci ! dit le brigand, qui partit d’un pas plus rapide. Il annonça la nouvelle à madame Eusèbe, qui fit prévenir aussitôt son mari par l’aînée de ses petites filles. Asselin travaillait au champ, mais assez près de la maison. Il entra de suite, se rechangea, mit un cheval à la voiture et partit.

— Tu vas au devant de lui ? demanda la femme sans cœur, ce n’est pas moi qui me dérangerais pour cela…

La nouvelle de l’arrivée des pupilles se répandit promptement ; et quand la petite berge amena sa voile et entra dans le rigolet, il y avait sur la grève un grand nombre de curieux.