Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/257

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tout le monde, et l’on entend un chuchotement pareil au premier bruissement du feuillage quand la brise se réveille. Marie-Louise, heureuse de se retrouver dans cette maison où pourtant elle a bien souffert, ressemble à l’oiseau que l’on élève prisonnier dans une cage. Il sort, ouvre gauchement ses ailes qui n’ont jamais nagé dans les flots de lumière, s’effraie de l’immensité qui l’environne et de cette liberté qui l’étourdit, ne comprend pas les appels voluptueux des compagnons qui l’invitent sur les cimes en fleurs, et revient se poser sur les humbles juchoirs de sa prison. Marie-Louise demande ses petites cousines. Les enfants ne dissimulent point : ils n’ont point de rancune et ne se souviennent pas des chagrins de la veille. Ils sont impressionnables, mais leurs émotions sont courtes : ils passent sans cesse du plaisir aux larmes et des chagrins à la joie. Les petites cousines de Marie-Louise se sont ennuyées tout un jour de leur compagne de jeu. Depuis longtemps elles n’y pensent plus qu’avec indifférence, mais en la revoyant elles sentent renaître dans leur jeunes cœurs l’amitié endormie, et, joyeuses, elles lui sautent au cou pour l’embrasser.