Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/270

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resta sur sa couche fiévreuse toute la journée. Le dimanche, M. Bélanger garda la maison, et sa femme et Noémie allèrent à la messe, car elles auraient eu peur à rester seules avec l’infortunée Geneviève. Dans l’après-dîner la folle sortit. Elle s’envint chez Asselin.

— Geneviève ! voici Geneviève ! dirent les gens.

Elle entre. Elle paraît avoir peur de la foule qui remplit l’appartement : Pour l’amour de Dieu, commence-t-elle d’une voix plaintive, rendez-la-moi !… Je ne lui ferai pas de mal… je l’embrasserai… je la presserai sur mon cœur… et je la porterai au pied de la croix, sur la côte de sable… J’ai promis à sa mère de la sauver ! Si je ne la sauve pas, voyez vous, je serai damnée, et j’irai me coucher dans la tombe du ruisseau !

Elle se met à pleurer. M. Lepage s’avance vers elle : Geneviève ! Geneviève ! allons ! reconnais-moi : la petite est trouvée…

— Monsieur Lepage ! Monsieur Lepage ! repart la folle en levant les mains au ciel… La petite est-elle dans la tombe du ruisseau ? L’eau qui coule va la noyer !…