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les épis

Les Rameaux


Le lendemain, jour saint, c’était Pâques fleuries.
Secouant sa torpeur, ses mornes rêveries,
Grand’mère se leva, repoussa son fauteuil,
Son vieux fauteuil « berçant » où s’endormait son deuil,
Où parfois s’éveillait une lointaine joie,
Puis entra dans sa chambre :
Puis entra dans sa chambre— Il faut bien que je voie,
Dit-elle, chevrotant, si mon rameau verdit.
Il était là, tout près, au chevet de son lit,
Penchant sur une croix sa branche grêle et rousse.
Elle le prit, disant encor de sa voix douce :

— Si j’allais, moi si vieille, à l’église demain,
Je le verrais, bien sûr, reverdir dans ma main.

Hélas ! ses doigts tremblants l’effeuillaient sur la couche,
Un rire douloureux fit tressaillir sa bouche.