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Page:LeMay - Les épis (poésie fugitives et petits poèmes), 1914.djvu/242

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la voie, la vérité, la vie

À l’automne, le pauvre emporte aussi sa gerbe,
Quand même en son labour les blés n’ont pas germé,
Car le cœur du chrétien ne s’est jamais fermé.
Sans honte notre terre est croyante et soumise.
Elle est, aux temps nouveaux, une terre promise
D’où monte un chant d’amour, où descend le pardon.
Elle a sa gloire et ses martyrs. Dieu trouva bon,
Pour faire de son peuple un peuple à l’âme neuve,
De le passer d’abord au creuset de l’épreuve.

Et nous avons souffert, et nous avons lutté.
Les revers et la peur n’ont jamais rebuté
De nos vieux paysans la foi, ni le courage,
Et nous avons pleuré de douleur et de rage,
Lorsque le drapeau blanc emporta dans ses plis
La vieille France aimée.
La vieille France aimée.Oh ! les faits accomplis, —
Triomphes de l’orgueil et sommeil des vengeances, —
Ils nous ont vus subir d’amères exigences.
Mais alors c’est sur Dieu que nous avons compté !
Notre espoir est encore en ce Dieu de bonté,
Et nul maître jamais, ceci qu’on le retienne,
Ne pourra l’arracher de notre âme chrétienne !
Et qu’on ne dise pas que c’est témérité :
Cet espoir nous l’avons des aïeux hérité.